Punaises de lit: la Russie soupçonnée d'avoir eu un rôle sur la psychose en France

Dans les trains, dans les bus ou au cinéma... Depuis plus d'un mois, la présence de punaises de lit inquiète de plus en plus les Français. Une réunion interministérielle a même été organisée par le gouvernement pour trouver des solutions. Un climat favorisé, selon les services français de renseignement, par les Russes, qui auraient alimenté cette peur sur les réseaux sociaux, en les inondant de fausses informations sur le sujet.
De faux articles pour nourrir la peur
Dernier exemple en date, un faux article du journal La Montagne qui affirme que c’est à cause des sanctions contre la Russie que la France est envahie par les punaises de lit. En fait, des produits chimiques russes seraient nécessaires pour fabriquer les désinfectants. Mais comme on n’autorise plus l’importation de ces produits, et bien on manque de moyens pour détruire les punaises.
Tout cela est faux, de la première à la dernière ligne. Cet article du journal La Montagne n’a jamais existé, mais il circule sur les réseaux sociaux, traduit dans plusieurs langues.
Le journal Libération a également été détourné, avec un article inventé de toutes pièces qui a circulé sur les canaux russes, en l'occurrence au départ sur un compte Télégram relié à RT, Russia Today, média lié au Kremlin. Il s’agissait d’une vraie Une de Libération sur les punaises de lit, mais accompagné d’un faux article qui prétendait que les réfugiés ukrainiens étaient à l'origine de l’épidémie en France. Un cas similaire a également été identifié avec Le Figaro.
L'opération "Doppel Ganger"
Cette technique de déstabilisation a un nom, on parle d'opération "Doppel Ganger". Ce qui veut dire, traduit depuis l'allemand, “sosie” ou “double”. Elle consiste à imiter des médias crédibles pour faire passer des informations inventées comme vraies. Au printemps dernier, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna avait dénoncé l'utilisation de ces méthodes par la Russie, et elle avait jugé que c’était indigne d’un pays membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU.
Pour autant, les Russes ne sont pas responsables de la présence des punaises de lit. Cela fait en vérité une vingtaine d’années qu’il y a une augmentation régulière de la présence de ces nuisibles dans le pays.
Un emballement soudain
Ce qui est nouveau, c’est l'emballement provoqué d’abord sur les réseaux sociaux, par un témoignage faisant état d'une piqûre au cinéma. Ce témoignage en a suscité des centaines, puis des milliers d’autres, qui évoquent notamment les transports en commun. La psychose a ensuite trouvé un echo dans la presse française, puis dans la presse internationale.
Stéphane Bras, représentant du syndicat des entreprises de désinfection, a raconté à RMC que son téléphone n’avait cessé de sonner. Il a notamment répondu à des interviews de la BBC, du New York Times et de journaux de toute l’Europe. Les médias du monde entier ont présenté la France comme un pays infesté. Le Maroc et l'Algérie ont même exigé que les navires en provenance de France soient désinfectés.
Pour les spécialistes, on peut parler d’un emballement, d’un affolement, voire d’une folie parce que cela ne correspondait pas à une augmentation massive et soudaine de la présence de ces insectes en France.
Les Russes ne sont pas à l’origine de cette psychose mais ils ont efficacement surfé sur la vague. L’occasion était belle pour déstabiliser la France, alliée de l'Ukraine et pays organisateur des prochains Jeux olympiques. Tout en nous faisant croire que l’on aurait mieux fait de ne pas accueillir de réfugiés Ukrainiens. Cela s’appelle la guerre psychologique et cela ne laisse pas indifférent l'état-major de l'armée française.