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Aucune "zone blanche": la France, l'un des pays d'Europe "le plus touché par la cocaïne" selon l'Ofast

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Une note confidentielle publiée fin juillet par l'Office antistupéfiants (Ofast) tire la sonnette d'alarme sur le trafic de drogue en France et notamment celui de la cocaïne dont la consommation exploser. Le pays serait désormais sans "zone blanche" pour se procurer une drogue toujours plus forte avec des prix en baisse.

Un "tsunami blanc" qui frappe la France. Avec des saisies record de drogues depuis les six premiers mois de l'année (37,5 tonnes, +50% en un an), l'Ofast s'inquiète d'une accessibilité accrue. L'Office antistupéfiants a publié une note confidentielle que révèle Le Monde et que RMC a pu consulter, dans laquelle la France est désignée comme l'un des pays européens les plus touchés, notamment par la cocaïne.

Selon les chiffres de l’Office français des drogues et des tendances addictives (OFDT), 3,7 millions d’expérimentateurs (adultes ayant essayé au moins une fois) et 1,1 million d’usagers (adultes ayant consommé au moins une fois dans l’année) ont eu affaire à de la cocaïne.

Prothèses, faux ventres de femmes enceintes...

Au fil du rapport de 62 pages, les policiers antistupéfiants évoquent une poudre blanche toujours plus pure, et toujours moins chère, n'hésitant pas à parler de l'absence de "zone blanche" sur le territoire. En d'autres termes, une drogue plus accessible, n'importe où en France. Car les trafiquants n'utilisent plus forcément les canaux de transports classiques comme les océans.

L'Ofast cite des moyens terrestres et aériens avec des moyens "toujours plus ingénieux" pour éviter les saisies lors des contrôles. Prothèses, faux ventres de femmes enceintes, les astuces ne manquent pas chez les narcotrafiquants.

Il faut dire que le business est toujours plus rémunérateur. En 2023, celui-ci était estimé à 7,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, permettant à 200.000 personnes d'en tirer profit avec des "méthodes violentes, devenues extrêmes".

Plus de 300 meurtres ou tentatives en 2024

Le rapport permet de mieux comprendre comment marche cette organisation criminelle. Une dizaine de trafiquants se trouvent en "haut du spectre". Ce sont eux qui contrôlent la quasi-totalité des importations en France, souvent basés à l'étranger, en Afrique du Nord ou à Dubaï. Ces trafiquants sont même parfois en lien direct avec les cartels sud-américains.

En dessous, on trouve le "milieu du spectre", les filières de distribution. Tout en bas de cette pyramide, on trouve enfin ceux qui vendent au détail, partout en France, et pas uniquement sur l'un des 2.700 points de deal décomptés en France à la fin du mois de juin.

Et cette prolifération n'est pas sans conséquences sur la criminalité, les autorités font état de 367 meurtres ou tentatives liés au narcotrafic en 2024 à travers 173 villes.

Julie Brault avec Lilian Pouyaud