Mort d’Emile: au Haut-Vernet, les bénévoles s’interrogent et les recherches se poursuivent

Les recherches se poursuivent dans le hameau du Haut-Vernet, où d’importants moyens techniques ont été déployés pour retrouver le reste du corps du petit Emile. Des dizaines d'enquêteurs sont sur place. Le crâne du petit garçon a été découvert samedi par une promeneuse dans un vallon à 2 kilomètres de la maison de ses grands-parents. Cette proximité surprend habitants et enquêteurs, d’autant que la zone qualifiée d’escarpée par les gendarmes, a fait l’objet de battues citoyennes notamment.
Cet habitant de longue date du Haut-Vernet a participé à ces battues. Et aujourd’hui, il n’écarte pas l’éventualité d’être passé à côté du corps d’Emile. "C’étaient beaucoup de personnes qui n’étaient pas des services de l’armée ou de la gendarmerie. C’étaient des bénévoles. Quand on fait une battue, on est à deux mètres, et à un moment pour faire le contour d’un buisson, on s’écarte à cinq mètres. Tout est possible. S’il est tombé dans un buisson, ça peut échapper à une battue", explique-t-il.
"Cet été, quand on a fait les battues, il y avait certains endroits difficiles d’accès, avec des ronces, des trous, des ravins, une végétation abondante… Beaucoup de moyens ont été déployés. Néanmoins, ça reste une nature hostile, difficile à explorer", ajoute Mathilde. Robert, lui, se pose des questions: "C’est aux alentours du hameau, une zone accessible. Les gens vont chercher des champignons, les chasseurs passent avec des chiens… On a du mal à comprendre comment on a pu passer à côté. On a vraiment des interrogations".
Quant à la découverte du seul crâne de l’enfant, Stéphane Chevrier, qui préside l’association des chasseurs du Vernet, met en avant une possible cause animale. "Combien de fois les randonneurs ou les chasseurs découvrent une carcasse de chevreuil? La tête ici, des côtes ou des pattes 20 ou 30 mètres plus loin… Les animaux sauvages, les renards ou des oiseaux, peuvent déplacer des petits morceaux de chair et d’os", indique-t-il. Autre possibilité, les restes de l’enfant ont aussi pu être dispersés par les ruissellements de la fonte des neiges et la force des torrents…
"Rien n’indique que les ossements étaient présents au moment des fouilles, explique Marie-Laure Pezant, porte-parole de la Gendarmerie nationale, dans Apolline Matin. Cela fait partie des hypothèses qu’on a. Il y a une chance infime qu’on soit passé à côté. Ça peut arriver. Il ne faut pas que les habitants culpabilisent. C’est un lieu très escarpé. On était en plein été avec une végétation extrêmement dense. On a pu passer à côté. Mais il y a aussi l’hypothèse que ces ossements soient arrivés après, qu’ils aient pu être déposés par une personne ou par un animal. Ça peut être aussi le changement de la configuration des lieux. On a eu plusieurs saisons, des intempéries…"
Des experts analysent tout sur le terrain
Depuis ce lundi matin, des renforts sont arrivés sur place pour prêter main forte aux gendarmes locaux, notamment des experts de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie (IRCGN). Des enquêteurs très spécialisés, avec d’abord plusieurs experts qui se concentrent sur les recherches au sol. Parmi eux, deux équipes cynophiles, avec des chiens spécialisés dans la recherche de cadavres. A leurs côtés, des anthropologues et des entomologistes étudient les moindres détails présents dans la terre. Ils sont notamment capables d’identifier quels insectes sont attirés par les restes humains.
Toute la zone est donc passée au tamis dans l’espoir de retrouver le moindre indice, comme des fibres de vêtements du petit garçon. Dans les airs, la zone est aussi survolée par trois drones, capables de cartographier les lieux au centimètre près, assure le colonel Simon S.: "On a des moyens spécifiques avec des capteurs qui permettent notamment de voir des choses qui ne sont pas visibles à l’œil nu. Ce sont des caméras infrarouges, thermiques et multispectrales. L’objectif est de fixer la scène pour la maintenir dans les meilleures conditions et pouvoir garantir le replacement des indices".
Dans le même temps, d’autres spécialistes continuent d’analyser les ossements déjà retrouvés, pour tenter de déterminer par exemple s’ils présentent des fractures qui pourraient expliquer les causes de la mort de petit garçon. "On n’a aucune garde à vue aujourd'hui" a confirmé ce mardi sur RMC Marie-Laure Pezant, porte-parole de la Gendarmerie nationale.