Trafic de drogue à Marseille: "La légalisation est la seule voie", selon un éducateur des quartiers nord

C'est une nouvelle tentative pour endiguer un mal qui semble inextricable. Les autorités lancent l'opération "place nette" à Marseille pour tenter d'endiguer le trafic de drogue qui gangrène la cité phocéenne.
En marge de cette opération, cinq membres présumés des clans Yoda et DZ Mafia, qui s'affrontent pour le contrôle du trafic de drogue dans la région, ont été arrêtés, mis en examen et écroués, a appris BFMTV.
Les trafiquants présumés ont été arrêtés dans deux opérations distinctes le 7 mars dernier. Des opérations qui ont permis la saisie de 4,2 kg de résine de cannabis, 205 grammes de cocaïne et un pistolet semi-automatique de calibre 9mm.
Dans la foulée de cette opération, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti sont attendus ce mardi à Marseille où les autorités peinent à endiguer les violences en marge du trafic de drogue.
"Pas la meilleure solution" pour éradiquer les points de deal
Des interpellations et un déplacement de ministres qui ne devraient pas faire évoluer la situation, se désespère Mohamed Benmeddour, éducateur dans les quartiers nord de Marseille; "Ces opérations, on en a l'habitude, depuis des années", assure-t-il dans Apolline Matin ce mardi sur RMC et RMC Story.
"À chaque mandat, ça change de nom. Avant, ça s'appelait opération Brennus (en 2011, NDLR), maintenant ça s'appelle opération place nette. Ça gène le point de deal, c'est inéluctable. Mais pour l'éradiquer totalement, ce n'est pas la meilleure solution", croit savoir l'éducateur.
Mohamed Benmeddour estime que ces opérations nécessitent des moyens humains et techniques que les forces de l'ordre n'ont pas et qu'elles ne peuvent reproduire dans la durée. Mais cette fois-ci, l'Etat promet d'employer les grands moyens. Selon Le Figaro, 4.000 forces de police doivent être mobilisées chaque semaine.
"On a l'habitude, aussitôt partis, aussitôt les dealers reviennent", déplore Mohamed Benmeddour: "C'est notre routine, ça fait partie du jeu pour les dealers, ils jouent au jeu du chat et de la souris. Quand on leur parle, ils ne font rien de mal, ils prennent leur paye, ne veulent pas de grabuge".
La légalisation comme seule solution?
Pas question pour autant de baisser les bras pour l'éducateur des quartiers nord: "Je suis toujours optimiste, car si on baisse les bras, c'est la fin de la partie et la fin de la République".
Et alors que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a bien tenté de faire la guerre aux consommateurs qui font vivre le trafic, Mohamed Benmeddour estime que c'est vers la légalisation du cannabis qu'il faut se tourner. "Je vois des consommateurs partout, dans mon entourage, donc la réalité est que la légalisation est la seule voie pour régler ce problème de trafic", estime-t-il.
"Il y a 2 millions de consommateurs chroniques, qui fument chaque jour. Aux Pays-Bas où c'est légalisé, j'ai vu moins de consommateurs qu'en France. Moralement, je suis contre la légalisation. Mais en terme de réalité, je pense qu'il n'y a que ça qui puisse diminuer le trafic de stupéfiants", appuie l'éducateur, qui appelle à des expérimentations avec un encadrement strict.