RMC
Faits divers

Trafic de drogue à Marseille: le préfet vante son bilan malgré le sentiment d’insécurité en hausse

placeholder video
Les homicides liés au trafic de drogue et le nombre de points de deal sont en forte baisse à Marseille. Un bilan positif que défend le préfet des Bouches-du-Rhône Pierre-Edouard Colliex sur RMC ce mercredi 5 mars. Mais malgré les arrestations, notamment dans les rangs de la DZ Mafia, le sentiment d'insécurité augmente chez les Marseillais alors que le trafic pourrait s'être en partie déplacé.

Marseille retrouve-t-elle la sérénité? Les homicides liés au trafic de drogue sont en baisse dans la cité phocéenne, avec 24 morts en 2024 contre 49 l'année précédente. Le nombre de points de deal a aussi été divisé par 2 en 3 ans, affirme le préfet de police des Bouches-du-Rhône Pierre-Edouard Colliex.

Mais malgré tout, le sentiment d'insécurité des Marseillais augmente. "Les Marseillais sont exigeants", estime le préfet de police ce mercredi sur RMC et RMC Story qui juge légitimes leurs attentes. "Ils en attendent plus, il faut que ça se voit. Les gens ne croient pas aux chiffres malgré des résultats historiques", poursuit Pierre-Edouard Colliex

Si les homicides ont baissé entre 2023 et 2024, c'est notamment dû à la fin de la guerre entre la DZ Mafia et le clan Yoda, deux clans qui se disputaient les points de deal du marché de la drogue. "Il y a moitié moins d'homicides, en raison d'une action acharnée sur les points de deal avec des interpellations en hausse", défend malgré tout le préfet de police de Marseille.

Le choix d'Apolline : Pierre-Édouard Colliex - 05/03
Le choix d'Apolline : Pierre-Édouard Colliex - 05/03
10:26

Impact mitigé pour les opérations "Place nette XXL"?

"On a interpellé 40% de trafiquants en plus et pas que des petits. La police judiciaire a mis 282 trafiquants derrière les verrous donc 160 de la DZ Mafia. S'ils sont derrière les barreaux, ils peuvent moins nuire. Ce sont des résultats importants et c'est l'action de la police et on ne peut pas nier son impact sur ces crimes", explique Pierre-Edouard Colliex.

Reste que les interpellations ont bien augmenté notamment grâce aux "opérations places nettes XXL", ces actions ponctuelles des forces de police dans des quartiers gangrénés par les dealers et le trafic de drogue. Des opérations parfois décriées par les habitants de ces quartiers évoquant le retour des trafiquants dès le départ de la police: "Les gens ont raison et notre objectif c'est de montrer que ce ne sont pas des opérations ponctuelles", reconnaît Pierre-Edouard Colliex, qui vante la présence accrue d'effectifs de police pour renforcer la sécurité publique.

"Mais il faut rester humble et ces résultats doivent se maintenir dans la durée, grâce à un investissement dans le judiciaire", poursuit le préfet des Bouches-du-Rhône qui vante des résultats dans les cités de la Paternelle ou de la Castellane.

Dans le centre-ville, les habitants déplorent une dégradation de la situation

Les dealers et la délinquance pourraient cependant s'être déplacés. Dans le centre-ville de Marseille, les trafics de stupéfiants sont en hausse de 85% et les vols de voiture de 70%. C'est ce que constatent certains habitants. Pour Ali Timizar, président du comité d'intérêt de quartier de Belsunce, à quelques centaines de mètres du Vieux port, le quartier est moins sûr qu'avant: "Quand la police arrive, les dealers se déplacent". Et pourtant la police est présente en nombre: "Je vois les CRS, il n'y a rien à dire. Mais pourquoi on ne réussit pas à éradiquer ça?", s'interroge Ali.

Un questionnement partagé par Francis, qui habite ici depuis 5 ans: "C'est chez eux, ils ont cassé les portes d'entrée, ils squattent, quand ils ont bu, il se frappent. L'été on est obligé de fermer les fenêtres pour pas entendre s'il y a un scandale".

Les commerçants sont nombreux à avoir fermé assure Djoudi, grossiste à Belsunce depuis 30 ans et vice-président de l'Association des Commerçants et Artisans de Marseille (ACAM), qui constate que la clientèle ne vient plus: "Ils ont peur, ce n'est pas normal on est la deuxième ville de France, ça fait mal au cœur".

La présidente de la métropole Martine Vassal assure elle-même ne pas se sentir en sécurité dans le centre-ville. Il y a 10 jours, les autorités ont donc lancé "un plan de sécurité du quotidien", en déployant encore plus de policiers dans les rues avec une première grande opération à la gare Saint-Charles, défend le préfet des Bouches-du-Rhône.

Djoudi le commerçant a quand même de l’espoir. Il estime que la situation s'améliore dans certains quartiers voisins et espère qu'un jour, il en sera de même pour Belsunce.

Guillaume Dussourt avec Anna Jaujard