"Nous avons été très choqués": le syndicat de la magistrature répond au patron de la police

Ça chauffe entre juges et policiers. Le président de la conférence nationale des procureurs de la République Raphaël Balland a estimé qu'opposer justice et police était "inexact", "stupide" et "dangereux". Le procureur répondait au directeur général de la police nationale qui déplorait le placement en détention provisoire d'un policier soupçonné de violences à Marseille pendant les émeutes.
Frédéric Veaux est "un immense serviteur de la République depuis de très nombreuses années", un "très fin connaisseur de la justice", a d'abord assuré Raphaël Balland le procureur de Béziers,
"Policiers et magistrats travaillons toujours au quotidien ensemble. Cette opposition qu'on voudrait faire naître entre l'indépendance de la justice d'une part, d'un autre côté l'action des policiers n'a aucun sens, c'est d'abord inexact, c'est stupide et c'est dangereux, et ce n'est pas, sans doute, ce qu'a voulu dire Frédéric Veaux, j'en suis bien certain", a ajouté Raphaël Balland.
"Pressions fortes"
"Nous avons été très choqués", abonde ce mardi sur RMC et RMC Story Kim Reuflet, présidente du syndicat de la magistrature. Il y a eu de nombreuses réactions, ce qui montre un haut niveau d'indignation vis-à-vis des propos du directeur de la police nationale qui sont une pression sur le cours de la justice", a poursuivi la magistrate.
"Les magistrats sur cette affaire ont besoin de travailler dans la sérénité et en toute impartialité. Ils ne doivent pas se retrouver soumis à des pressions fortes avec le relais médiatique de ces propos", a ajouté Kim Reuflet.
Mais la magistrate se refuse à y voir une guerre entre police et justice: "On entend régulièrement des critiques mutuelles mais je refuse qu'on parle de guerre. Chacun doit rester dans son rôle", appelle-t-elle.
Un mouvement de protestation dans les rangs de la police
Dans la foulée des propos du directeur général de la police, Emmanuel Macron a dit comprendre la colère des policiers, sans vouloir plus commenter la décision de la justice de placer en détention provisoire le fonctionnaire. Insuffisant pour Kim Reuflet qui estime que le président de la République, "aurait pu au moins désavouer publiquement les propos de Frédéric Veaux, montrer une désapprobation face à cette tentative d'ingérence".
Soupçonnés d'avoir roué de coups Heidi, un jeune homme laissé pour mort, en marge des émeutes début juillet à Marseille, quatre fonctionnaires de la brigade anticriminalité (BAC) ont été mis en examen dans la nuit de jeudi à vendredi. C'est l'un d'eux qui a été placé en détention provisoire, entraînant la colère des syndicats de police et un mouvement de protestation au sein des commissariats, notamment à Marseille.