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"Un animal dans une cage": le choc de Mélissa, épouse d'un détenu de la prison de Vendin-le-Vieil

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TÉMOIGNAGE RMC. Mélissa est l'épouse d'un homme condamné pour narcotrafic et transféré à la prison de Vendin-le-Vieil. Elle a pu le voir dans ce nouvel établissement et en est ressortie choquée.

79 détenus sur les 100 prévus sont déjà arrivés à la "super-prison" de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), a annoncé le ministre de la Justice Gérald Darmanin, jeudi 7 août. Les derniers seront transférés dans les prochains jours.

Ces quartiers de haute sécurité ont pour objectif de placer les détenus dans un isolement total. De nombreux avocats et proches de détenus dénoncent, eux, les conditions de détention.

Ceux qui ont pu rencontrer leur client ou leur proche sont ressortis choqués. "La rencontre qu'on a tant attendue s'est transformée en cauchemar", raconte à RMC Mélissa, qui a rendu visite à son époux, condamné dans une affaire de narcotrafic et transféré à Vendin-le-Vieil.

Aucun contact physique autorisé

Le cauchemar a commencé dès le début, lors du trajet pour s'y rendre. Au total pour Mélissa, il a fallu compter six heures aller-retour. "C'est très long, c'est une journée complète qu'on prend donc on s'organise avec le travail, avec les enfants, c'est un autre mode de vie", explique-t-elle.

Une fois à l'intérieur, les contrôles de sécurité s'enchaînent et puis enfin, le parloir. Mais là, une fois de plus, c'est le choc. Une heure d'échanges au maximum à travers un hygiaphone et aucun contact physique n'est autorisé.

"Il y a une séparation avec une grande vitre en plexiglas très épaisse. Elle est tellement épaisse qu'il faut crier pour s'entendre, il y a une grande distance qui se crée. C'est un animal dans une cage que vous regardez" résume Mélissa.

Elle confie: "C'est traumatisant pour lui, pour moi, pour tout le monde."

"On demande un minimum d'humanité"

Ce que Mélissa ne comprend pas, c'est qu'elle n'a rien fait et pourtant elle subit. "Qu'il soit dans sa cellule 22h sur 24, c'est lui qui le subit puisque c'est lui qui a une peine à purger. Mais quand il y a ce moment de visite, on n'a pas à subir de telles choses, je ne suis pas condamnée moi. On demande juste un minimum d'humanité."

L'Association des avocats pénalistes (Adap) a déposé le 28 juillet un recours au Conseil d'État pour demander l'annulation du décret sur les quartiers de lutte contre la criminalité organisée. Le Conseil d'État a indiqué qu'il l'examinerait "dans un délai de trois mois".

Julie Brault avec Astrid Bergere