RMC

Affaire Coquerel: "LFI aurait dû entamer une investigation" selon Mathilde Viot

Le député Eric Coquerel est accusé par une militante, Sophie Tissier, de "comportements déplacés" et de "gestes sexistes et sexuelles" à son égard, des faits qui remonteraient à 2014. Alors qu'il vient d'être élu à la tête de la Commission des finances de l'Assemblée nationale, il nie les faits.

À l'été 2014, Sophie Tissier est invitée par le Parti de Gauche aux réunions annuelles du mouvement. Alors coordinateur du parti, Eric Coquerel désormais président de la puissante Commission des finances de l’Assemblée nationale, s'y trouve aussi. "On avait dansé et il avait la main baladeuse, autour des hanches, de la taille, en pressant en tâtant. C’était oppressant et désagréable et je lui avais signifié à plusieurs reprises", raconte Sophie Tisser au micro de RMC

"Ensuite, à la fin de la soirée, j’ai reçu des SMS insistants de sa part: 'Je t’attends dans un taxi, viens je t’emmène à mon hôtel, allez ne fait pas ta farouche'", ajoute Sophie Tisser. Des SMS qu'elle affirme avoir supprimé depuis.

Si Sophie Tissier ne veut pas parler d'agressions sexuelles, elle réfléchit tout de même à porter plainte: "Ce qui me ferait aller jusqu’au bout, c'est s’il continue à nier. S’il nie, j’irai à la plainte. S’il faut ça pour que ma parole soit entendue, il faut qu’il assume, c’est tout".

"La France insoumise aurait dû faire son travail et aurait dû entamer une investigation"

Sur les réseaux sociaux, il y a des militants qui vont dans son sens, qui confirment les rumeurs, et puis il y a ceux qui expliquent qu'Eric Coquerel n'a jamais été un "prédateur". "Il faut garder une forme de proportionnalité dans les faits énoncés. On est dans une séquence de faits, un gloubi-boulga d'accusations", tempère ce lundi sur RMC Mathilde Viot, cofondatrice de l’Observatoire des violences sexuelles en politique.

"Je crois Sophie Tissier, mais il y a un déséquilibre, de parole contre parole, comme souvent. Eric Coquerel nie fortement et on n’est pas encore dans un cadre délictuel, ce qui est très différent du cas de Damien Abad où des plaintes ont été déposées", ajoute-t-elle.

Cependant, elle estime que La France insoumise aurait dû se saisir des rumeurs avant l'élection d'Eric Coquerel à la tête de la Commission des finances: "Il y a quelque chose qui aurait dû être pris en considération. Quand Rokhaya Diallo dit qu’il y avait des rumeurs chez La France Insoumise et qu’elles auraient dû être traitées, je pense qu’elle a raison".

"On est encore en train de tâtonner mais les organisations politiques doivent être pro-actives. La France insoumise aurait dû faire son travail et aurait dû entamer une investigation interne avant la nomination d’Eric Coquerel pour qu’il puisse lui-même exercer dans les meilleures conditions possibles", assure Mathilde Viot.

"C’est quand il y a un élément déclencheur que les femmes prennent la parole"

De son côté, le député de Seine-Saint-Denis nie tout geste déplacé. Même Jean-Luc Mélenchon continue de lui apporter sa confiance et dénonce une cabale politique, alors qu'Eric Coquerel vient tout juste d'accéder à la tête de la Commission des finances de l'Assemblée nationale. "Ecœuré par les attaques contre Eric Coquerel (...) Des militants engagés contre LFI détournent le sens de la lutte contre les violences sexistes après sa victoire sur l'extrême-droite", assure-t-il sur Twitter.

"Il faut arrêter avec le champ lexical de la cabale. Jean-Luc Mélenchon dit aussi qu’Eric Coquerel a gagné contre l’extrême-droite, c’est comme si on dressait un héros face à des femmes qui témoignent. C’est juste que très souvent, c’est quand il y a un élément déclencheur que les femmes prennent la parole", rappelle de son côté Mathilde Viot.

Maxime Lévy et Guillaume Dussourt