Le gouvernement Bayrou fait-il vraiment une ouverture à gauche? "Celle d'une autre époque"

François Bayrou voulait élargir le socle commun et composer un gouvernement d'union nationale, afin d'éviter la censure en ces temps de crise politique, amorcée depuis la dissolution de juin dernier. Sauf que le nouveau Premier ministre s'est heurté aux refus catégoriques des partis membres du NFP, bien que le PS, le PCF et Les Ecologistes avaient accepté, dans un premier temps, de s'asseoir à la table des négociations, à l'inverse de LFI.
Dévoilée lundi soir après le report de dimanche, la composition du gouvernement a réservé quelques surprises comme le retour de l'ancien Premier ministre Manuel Valls, nommé ministre d'Etat aux Outre-Mer. François Rebsamen, ancien ministre du Travail sous François Hollande, a hérité du portefeuille de la Décentralisation mais avait fait des appels du pied afin de rentrer au gouvernement.
"Si avoir eu sa carte au PS il y a 15-20 ans fait de vous un homme de gauche...", ironisait le député Benjamin Lucas
Un casting plus à gauche ? Le NFP a raillé ses prises de guerre qui n'en sont pas vraiment, puisque les deux hommes, bien qu'ils ont servi sous un gouvernement socialiste, ont depuis longtemps pris leurs distances avec le parti à la rose. Ils ont tous les deux appelé à voter Emmanuel Macron, le premier dès 2017, le second en 2022. Et pour rappel, Manuel Valls n'est plus membre du PS. "Si avoir eu sa carte au PS il y a 15-20 ans ça fait de vous un homme de gauche, alors Manuel Valls pourquoi pas?", avait ironisé le député Génération.s Benjamin Lucas.
"Le gouvernement n'est pas de gauche"
Un sentiment partagé plusieurs Lillois, dont des militants de gauche et sympathisants du Parti socialiste. Au marché de Wazemmes, les courses de Noël remplissent les cabas. Mais la tête de Patrick est ailleurs, occupée à placer le nouveau gouvernement sur l'échiquier politique. "Dans la mesure où il y a des anciens socialistes, il est objectivement plus à gauche. Mais ce n'est pas un gouvernement de gauche", concède-t-il.
Mais pour beaucoup de sympathisants du PS, à l'image de Guillaume, le retour de Manuel Valls est loin d'être une main tendue vers la gauche. "Je ne pense pas qu'elle représente la gauche d'aujourd'hui. Une autre époque, oui... La gauche... d'il y a longtemps", dit-il, peu convaincu.
La censure inévitable?
Mais quel avenir pour ce gouvernement ? Le patron du PS Olivier Faure a dit sur RMC-BFMTV, mardi, ne pas exclure de voter une censure en janvier. C'est le scénario qu'espère Emmanuelle, qui ne se sent toujours pas écoutée par Emmanuel Macron. "Je pense qu'il faut censurer. C'est comme cela qu'on aura la parole du premier vote, ce pourquoi on a voté aux législatives", commente-elle.
Une possible censure qui laisse Gérard sceptique. Il espère que le gouvernement Bayrou aura plus de temps que son prédécesseur. "Quel que soit le gouvernement, tout le monde sera censuré, autant essayer de faire un petit peu les choses", plaide-t-il. Mais tous ces électeurs sont d'accord sur un point : ils ne se reconnaissent pas du tout dans ce nouveau gouvernement.