RMC
Politique

Municipalités solidaires de la grève: les décisions de fermeture de mairies font débat

placeholder video
Certaines mairies françaises, à l’instar de la mairie de Paris, vont fermer (partiellement) leurs portes le 31 janvier prochain en soutien à la mobilisation nationale contre la réforme des retraites. Un choix qui fait jaser au gouvernement et au sein de l’opposition parisienne.

J-4 avant la deuxième journée de mobilisation nationale demandée par l’intersyndicale en opposition au projet de réforme des retraites. Le mouvement ne semble pas faiblir, bien au contraire. A l’appel notamment de Fabien Roussel, le secrétaire général du Parti communiste français, des mairies vont cesser leur activité le temps de la manifestation.

Ce sera par exemple le cas de l’Hôtel de ville de Paris, Anne Hidalgo ayant décidé de ne laisser que les services essentiels en fonctionnement dans sa municipalité (à l’instar des services de l’état civil notamment). La décision de la maire socialiste n’a pas manqué de faire réagir au sein de l’opposition. Claire Carrère-Gee, conseillère LR de Paris, était notamment invitée à réagir à l’initiative d’Anne Hidalgo sur le plateau de l’émission Charles Matin sur RMC et RMC Story.

“Madame Hidalgo fait ce qu’elle veut, elle a le droit d’être solidaire du mouvement, elle a le droit de manifester, de battre le pavé, de fermer son appartement à double tour… Mais elle n’a pas le droit de fermer la mairie de Paris un jour de grève”, a-t-elle lancé au micro de Marguerite Dumont.

Dussopt: "Cela me pose un problème moral, politique"

Claire Carrère-Gee explique qu’elle “pense que c’est illégal à plusieurs égards”, car Anne Hidalgo est “en charge de garantir la neutralité et la continuité du service public à Paris”. Selon elle, par le biais de cette décision de fermeture, la maire de Paris force les employés municipaux à se mettre en grève.

“Il s’agit d’une pression illégale, le droit de grève est réglementé. Elle n’a pas, comme employeur, à faire pression sur ses fonctionnaires, les employés de la mairie de Paris, pour faire grève (...). Je dis simplement que le droit de grève est individuel et il ne s’exerce pas sous pression de l’employeur ”, affirme la conseillère municipale LR.

Un avis qui semble partagé par le ministre du Travail en personne, Olivier Dussopt, qui a expliqué lors du Face-à-face sur RMC et BFMTV avoir “le sentiment que la maire de Paris confond les services municipaux avec une annexe du Parti socialiste”.

“Cela me pose un problème moral, politique, dans la mesure où je considère que parmi les Parisiens, toutes celles et ceux qui sont en faveur de la réforme, celles et ceux qui n’y sont pas opposés, vont être privés d’accès à des services publics auxquels ils ont droit du fait de l’engagement politique de la maire de Paris”, a commenté le ministre du Travail au micro de Philippe Corbé.

L’initiative de Roussel suivie à Ivry

Si les critiques peuvent paraître légitimes dans le cadre d’une bataille politique sans merci, celles-ci ne semblent pas stopper plusieurs municipalités dans cet élan de solidarité avec le mouvement de contestation. Montreuil (Seine-Saint-Denis), Fâches Thumesnil (Nord), Villejuif (Val-de-Marne)... et Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), dont le maire était invité à expliquer sa décision dans l’émission Apolline Matin.

Reprenant l’élement de langage utilisé par Fabien Roussel, Philippe Bouyssou (PCF) explique ne pas être “un maire solidaire, (mais) un maire engagé et totalement intéressé directement par cette réforme des retraites, pas seulement pour moi mais aussi pour tous les employés communaux”.

Le maire de la municipalité d’Ivry-sur-Seine précise que, dans sa commune, “ce n’est pas seulement la mairie qui va fermer, c’est un arrêt total des services publics municipaux, sur une demi-journée, pour rendre possible une mobilisation des personnels communaux”.

Toutefois, Philippe Bouyssou l’assure, tous les employés municipaux “seront quand même payés sur cette demi-journée”. Et à la question de savoir si lui-même recevra son indemnité de maire, Philippe Bouyssou explique qu’il “verse une grande partie de (ses) indemnités, comme tous les élus communistes, à (son) parti. Mais s’il faut que je fasse un versement supplémentaire, je le ferais sans aucun problème”.

Si la majorité des services municipaux de la ville seront donc à l’arrêt, le maire d’Ivry-sur-Seine assure tout de même que les soins à domicile pour les personnes âgées ne sont pas concernés par ce mouvement de contestation.

Alexis Lalemant