Conditionner le versement du RSA à une formation, une bonne idée?

Faut-il conditionner le versement du RSA à une activité, ou à une formation, qu'elle soit bénévole ou non ? La proposition émane de la candidate LR, Valérie Pécresse, qui souhaite que ceux qui touchent le RSA donnent chaque semaine 15h d'activité à la société.
Une proposition a été reprise à demi-mots mardi par Gabriel Attal. Le porte-parole du gouvernement n'a pas exclu que le candidat Emmanuel Macron propose de conditionner le RSA à un minimum d'activité.
"Il faut arrêter de faire croire à ceux qui ont du travail que ce sont ceux qui n’en n’ont pas qui font le déficit de la France"
Mais pour ceux qui touchent le RSA, ce type d'annonces s'apparentent à de la stigmatisation. Depuis l'été, Jordan est au RSA, il perçoit un peu moins de 500 euros par mois. “Là, on est le 15 du mois et je n’ai déjà plus rien”, confie-t-il.
Avant, il était agent de sécurité. Ce papa de trois enfants vit très mal ce déclassement et supporte encore moins que l'on vienne lui faire la leçon sur sa motivation à retrouver du travail.
“Ce mois-ci, j’ai eu quatre entretiens. Il faut arrêter de faire croire à ceux qui ont du travail que ce sont ceux qui n’en n’ont pas qui font le déficit de la France. Je cherche du travail, je ne cherche pas à profiter du système. Au lieu de dire, on va aider ces gens-là, non, on les enfonce encore plus”, appuie-t-il.
Un avis que partage Anthony, auditeur de RMC. Selon lui, il faudrait surtout aider ceux qui sont au RSA à trouver une formation. Et surtout aider davatange les jeunes, qui, eux, n'ont pas le droit au RSA, qui n'est ouvert qu'aux plus de 25 ans.
Une proposition difficile à mettre en oeuvre?
Ce sont les départements qui financent cette allocation. Désormais, certains d'entre-eux, proposent une contrepartie au versement de cette aide. C'est le cas de l'Aisne, depuis un an. Nicolas Fricoteaux, est le président du Conseil départemental.
“Il faut inverser le principe, on a proposé nous de financer des emplois aidés de personnes au RSA qui venaient en doublon pendant 6 mois de personnes intervenant à domicile, voir si elle peut en faire une activité professionnelle à long terme. Plutôt que de verser une allocation, je propose une situation sociale”, explique-t-il.
Et si l'allocataire refuse cette formation il risque de voir son aide baisser. Mais à grande échelle, cette proposition paraît difficile à mettre œuvre, prédit Julien Damon, sociologue, spécialiste de la protection sociale.
"Il y a 2 millions d’allocataires du RSA. Si vous voulez tous les mettre au travail, il faut trouver un million d’emplois s’ils sont à mi-temps. Même si ce serait des emplois très particuliers puisqu’ils seraient non-concurrentiels, il est aujourd’hui inenvisageable de mettre cela en place aujourd’hui. On ne progressera pas avec des coups dans l’eau politiques, des coups de mentons qui consistent à dire ‘je vais mettre les bénéficiaires du RSA au boulot’. ce n'est pas la voie", estime-t-il.
Ce professeur demande un meilleur suivi sur la formation des bénéficiaires, car d'après lui, beaucoup sont encore souvent livrés à eux-mêmes.