Déchets à Paris: "Ce ne sont pas les éboueurs qui bloquent, c'est la réforme", assure un député LFI
Mobilisés contre la réforme des retraites, les éboueurs parisiens ont voté la reconduction de leur grève jusqu'à mercredi, alors que 5.400 tonnes de déchets s'amoncellent dans les rues de la capitale depuis plusieurs jours. En sus, trois usines d'incinération, celles d'Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen, aux portes de la capitale, sont à l'arrêt, accentuant le phénomène et l'empilement de milliers de poubelles, empêchant parfois la circulation des piétons sur certains trottoirs.
La municipalité, qui pourrait agir mais soutient le mouvement, se mure pourtant dans le silence depuis le début de la grève. À gauche, les élus parisiens, comme Rodrigo Arenas, député LFI-Nupes de Paris, soutiennent "fortement" les grévistes: "Les éboueurs sont à l'image de ce qu'incarne cette réforme : des métiers pénibles, difficiles, à qui on demande de travailler plus longtemps", explique-t-il ce lundi sur RMC et RMC Story.
7 ans d'espérance de vie en moins pour les éboueurs
Car la CGT assure que si les éboueurs et les conducteurs de camions-poubelle peuvent pour l'instant prétendre à la retraite à 57 ans sans bonification, cet âge devrait être repoussé à 59 ans en cas d’adoption de la réforme du gouvernement.
"On imagine que les éboueurs, quand ils arrivent à un certain âge, on peut se débarrasser d'eux, qu'ils ne sont plus utiles à la société. On leur vole les meilleures années de leur retraite. Ils ont 7 ans d'espérance de vie en moins, car c'est un métier difficile. Cette réforme montre bien qu'on ne reconnaît pas leur importance dans la société", alerte Rodrigo Arenas.
Le gouvernement peste contre l'inaction d'Anne Hidalgo
Le député reconnaît que la grève pose des problèmes sanitaires et de mobilités: "Des rats dans mon arrondissement le 14e, il y en a toute l'année donc ce n'est pas la grève qui provoque les rats, même si la grève en attire de nouveaux", reconnaît Rodrigo Arenas.
La municipalité, qui pourrait agir en ayant recours à des réquisitions ou en faisant appel à des entreprises privées, se mure pourtant dans le silence depuis le début de la grève, en soutien au mouvement.
Une attitude qui irrite dans les rangs de l'opposition locale et jusqu'au gouvernement. Dimanche, le ministre des Transports Clément Beaune a taclé l'inaction et le mépris de la municipalité: "Puanteur et pourrissement. Aucune mesure d’urgence, même partielle, décidée par la Ville de Paris. Énième exemple d’inaction et de mépris des Parisiens", a-t-il assuré sur Twitter.
"C'est à l'Élysée que ça bloque"
"Les députés et les ministres de la majorité feraient mieux de s'adresser au principal concerné qui est Emmanuel Macron", estime de son côté Rodrigo Arenas. "Les gens seraient bien avisés d'aller déposer les poubelles à l'Élysée parce que c'est là que ça bloque. Ce ne sont pas les éboueurs qui bloquent la France, c'est la réforme. Les éboueurs se mobilisent pour nous mais aussi pour les enfants. On est en train de jouer les années qui viennent", assure le député qui encourage Anne Hidalgo la maire de Paris, à ne rien faire.
"Anne Hidalgo vient d'une lignée politique où on n'est pas des casseurs et briseurs de grève. Au contraire, on les accompagne, on les aide et comprend. Ce n'est pas à Anne Hidalgo de prendre la responsabilité du président de la République", appelle l'élu.
Rodrigo Arenas conseille au gouvernement "d'écouter les gens et de retirer cette réforme qui n'a pas de sens, ni économique, ni humain". "La radicalité est du côté du gouvernement, qui reste sourd aux revendications", ajoute Rodrigo Arenas qui promet une motion de censure en cas d'énième 49-3 jeudi à l'Assemblée nationale.
Les arrondissements gérés par des sociétés privées également touchés
En attendant, à Paris, les déchets continuent de s'amonceler sur les trottoirs. Et la situation empire. Syctom, l'agence qui gère les déchets ménagers dans la moitié des arrondissements de la capitale, les autres étant gérés par des entreprises privés, dévie pourtant déjà les bennes vers d'autres sites de traitement toujours ouverts.
"J'observe que dans les quartiers et dans les villes où le ramassage des poubelles est assuré par des entreprises privées, cela fonctionne", vante de son côté l'avocat parisien Charles Consigny. Pourtant, si le ramassage des ordures a été permis dans la moitié des arrondissements parisiens gérés par le privé, force est de constater que les déchets ont bel et bien finit par s'y amonceler. Tout Paris est désormais logé à la même enseigne.