"Sale feuj": la moitié des collégiens et lycéens ont entendu dire du mal des juifs, selon un sondage

Des élèves dans un collège de Lyon, le 14 novembre 2023 (photo d'illustration) - JEFF PACHOUD / AFP
La moitié des collégiens et lycéens (51%) ont déjà entendu dire du mal des juifs dans leur entourage, selon un sondage Ifop pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) publié mercredi, à la veille d'un colloque au Sénat sur l'antisémitisme à l'école.
Les élèves sont 4% à avoir souvent entendu ce genre de propos, 19% de temps en temps et 28% rarement, précise cette enquête, réalisée par questionnaire auto-administré du 7 au 12 février. Elle a été menée auprès d'un échantillon de 2.000 personnes représentatif des élèves de collège et lycée, selon la méthode des quotas.
"Un juif, c'est riche"
Dans le détail, les collégiens et lycéens interrogés sont 51% à avoir déjà entendu dire du mal des juifs de la part d'élèves de leur établissement et 25% de la part d'un membre de leur famille.
Concernant le type d'insultes antisémites ou propos stigmatisants, 25% ont déjà entendu l'expression "Ne fais pas ton feuj" (à propos d'un élève qui ne veut pas prêter, payer ou partager) et 14% des élèves estiment ces propos acceptables.
Ils sont 21% à avoir déjà entendu "Un juif, c'est riche", et 17% jugent que c'est acceptable. 17% ont déjà entendu "Sale feuj" et 4% pensent que c'est acceptable. Ils sont 12% à avoir entendu "Les juifs, on les reconnaît" (en faisant référence au nez d'un élève) et 8% à trouver ça acceptable.
Ils sont encore 10% à avoir entendu "Ça gaze?" (envers un élève juif) et 7% estiment que c'est acceptable, 9% à avoir entendu "Hitler, il aurait pu finir le travail" et 3% à trouver ça acceptable. Ils sont enfin 6% à avoir entendu "Sale sioniste" et 3% à penser que c'est acceptable.
477 signalements
Au global, un élève sur quatre (26%) considère acceptable au moins l'un de ces propos et 44% ont déjà été exposés à ces propos dans leur établissement. Par ailleurs, 16% des élèves refuseraient de nouer certaines relations amicales ou sentimentales avec des élèves de religion juive, et 37% si ces élèves affichent leur soutien à Israël.
Enfin, 21% disent avoir vu des élèves juifs dissimuler leur origine ou religion juive dans l'établissement, selon cette enquête menée pour le Crif et la Fondation Jean-Jaurès.
Le gouvernement avait relancé à la mi-février ses assises de lutte contre l'antisémitisme face à un phénomène en forte hausse depuis le 7 octobre 2023. L'Éducation nationale a recensé 477 signalements d'actes antisémites au cours du premier trimestre de l'année scolaire 2024/2025, selon des chiffres publiés en février.