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Manifestations contre les violences faites aux femmes: "On a encore beaucoup de chemin à faire"

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Des milliers de personnes sont attendues dans les rues ce samedi, pour manifester contre les violences sexistes et sexuelles. Madeline Da Silva, cofondatrice de NousToutes et de l'observatoire des violences sexuelles et sexistes en politique, dénonce auprès de RMC les "propos banalisants" entendus lors du procès des viols de Mazan.

Elles réclament un "sursaut" et une "loi-cadre intégrale": plus de 400 organisations et personnalités appellent à manifester ce samedi 23 novembre contre les violences faites aux femmes, sur fond d'onde de choc provoquée par le procès hors norme des viols de Mazan.

Des manifestations sont prévues dans des dizaines de villes, dont Paris, Bordeaux, Marseille ou Lille, deux jours avant la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, lundi. À Paris, le cortège doit partir à 14h de la gare du Nord pour rejoindre la place de la Bastille.

Cette mobilisation contre toutes les formes de violences (sexuelles, physiques, psychologiques, économiques...) se tient cette année dans un contexte particulier, en plein procès des viols de Mazan - une cinquantaine d'hommes accusés d'avoir violé Gisèle Pelicot alors qu'elle était inconsciente, droguée à son insu par son mari.

"Il y a des propos banalisants dans ce procès, notamment qui laisse entendre que si je suis monsieur ceci, cela, si j'ai une bonne réputation ou si je n'ai pas eu l'intention de violer, alors je ne viole pas. On en est encore là, en 2024. On a encore beaucoup de chemin à faire", regrette auprès de RMC Madeline Da Silva, cofondatrice de NousToutes et de l'observatoire des violences sexuelles et sexistes en politique.

"On banalise"

"Le procès Mazan le montre très fortement, il y a encore énormément de chemin à faire car on banalise. On n'est jamais assez nombreux pour dénoncer cette culture du viol et les violences sexistes et sexuelles et dire qu'on a besoin de tout le monde dans la rue", poursuit-elle.

Ce procès à l'écho international, où aura lieu à partir de lundi le réquisitoire prévu sur trois jours, "montre que la culture du viol est ancrée dans la société, comme la violence envers les femmes", a souligné auprès de l'AFP Amandine Cormier, de Grève féministe, lors d'une conférence de presse mercredi à Paris. "La violence patriarcale s'exerce partout, dans les maisons, sur les lieux de travail, les lieux d'études, dans la rue, dans les transports, dans les établissements de soins, absolument partout dans la société", a-t-elle ajouté. 

L'appel à la mobilisation a été signé par plus de 400 organisations (Fondation des femmes, Planning Familial, #Noustoutes...) et des personnalités (Angèle, Judith Godrèche et Vanessa Springora...). 

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Législation "incomplète"

Des syndicats, dont la CGT et la CFDT avec leurs secrétaires générales Marylise Léon et Sophie Binet attendues à Paris, seront également représentés dans les cortèges. "Les gouvernements successifs ont multiplié les promesses mais les moyens sont dérisoires et en baisse, l'action politique est quasi-inexistante", déplorent les signataires, qui appellent à un "véritable sursaut". 

En novembre 2017, quelques mois après son accession à l'Élysée, Emmanuel Macron avait déclaré l'égalité entre les femmes et les hommes "grande cause du quinquennat", avec pour "premier pilier" la lutte "pour l’élimination complète des violences faites aux femmes". 

Un numéro d'appel d'urgence, le 3919, pour les femmes victimes de violences et leur entourage, a été mis en place ainsi que des téléphones grave danger et des bracelets anti-rapprochement notamment. Des mesures saluées par les associations de défense des droits des femmes qui les jugent toutefois insuffisantes et exhortent le chef de l’État à changer de braquet.

Le gouvernement doit dévoiler des mesures lundi

Elles réclament un budget total de 2,6 milliards d'euros par an et une "loi-cadre intégrale" pour remplacer une législation actuelle qu'elles jugent "morcelée et incomplète". Début novembre, la secrétaire d’État chargée de l'Égalité femmes-hommes Salima Saa a promis qu'elle annoncerait "des mesures concrètes et efficaces" pour le 25 novembre. 

Ces mesures viseront entre autres à "améliorer les dispositifs d'aller-vers" les victimes notamment en milieu rural, renforcer "l'accueil et de la prise en charge des victimes" via une "formation des acteurs en première ligne", a-t-elle précisé. 

Léo Manson avec Nina Droff et AFP