Manifestations contre la culture du viol: "Gisèle Pélicot est entrée dans les vies de tout le monde"

Procès des viols de Mazan, révélations sur l'Abbé Pierre ou viol suivi d'un meurtre de Philippine: des dizaines de manifestations ont eu lieu samedi devant les palais de justice de France pour "dénoncer la culture du viol", à l'appel de plusieurs collectifs féministes.
Devant le palais de justice d'Avignon, où se tient depuis septembre le procès de Dominique Pélicot et 50 autres accusés, poursuivis pour viols aggravés sur Gisèle Pélicot, ils étaient une centaine de participants réunis. Le choix du lieu pour manifester ne tient pas du hasard pour Alice: "Avignon tombe sous le sens, c'est un symbole, en soutien à Gisèle Pélicot", explique-t-elle au micro de RMC.
Les associations féministes réclament une "loi intégrale"
Comme elle, ici, la plupart avouent vivre au rythme de ce procès depuis bientôt deux mois. "Madame Pélicot est entrée dans les vies de tout le monde. Elle est un petit peu le porte-parole de ce mouvement. Il est important qu'on s'implique avec elle, forcément", confie un autre manifestant. "On voit cette affaire sur les réseaux sociaux dans la rue, c'est normal qu'on s'y intéresse, pour aider et soutenir", affirme une autre femme présente sur place.
Un moyen de réclamer un meilleur traitement judiciaire pour les affaires de violences sexuelles, alors que des dizaines d'organisations se sont organisées vendredi en "coalition" pour réclamer une "loi intégrale". "Comme associations de terrain, nous identifions 130 mesures dans les domaines de la prévention, de l'éducation, de la police, de la justice, de la santé", a expliqué vendredi à l'AFP Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes.
Parmi ces mesures, la lutte contre "l'industrie pornocriminelle" et "la culture du viol en ligne", le repérage de l'inceste lors d'"entretiens individuels annuels" avec les mineurs, des soins de psychotrauma pour les victimes remboursées à 100%.
Les plaintes classées sans suite à 94% en 2020
"Il n'y a qu'à voir les chiffres avec le nombre de plaintes déposées. Combien sont menées? C'est alarmant", relève un autre manifestant présent à Avignon. Selon une étude de l'Institut des politiques publiques publiée cette année, le taux de classements sans suite s'élevait à 94% en 2020 dans les affaires de viols. Un chiffre qui diffère très largement de celui pour 2022 du ministère de la Justice qui indique que cette année-là "68% de ces procédures transmises au parquet ont été jugées non poursuivables, après examen par un magistrat, sur des critères juridiques".
Tous espèrent que la prise de conscience collective avec l'affaire Pélicot ne s'essoufflera pas et pourra déboucher sur une meilleure prise en charge des victimes. En septembre, 10.000 personnes avaient défilé dans les rues en soutien à Gisèle Pelicot, qui a refusé le huis clos pour le procès de son mari qui la droguait pour la violer et la faire violer par des dizaines d'inconnus.
50 autres hommes de 36 à 74 ans sont jugés au côté de Dominique Pelicot, son désormais ex-mari. "Je dédie (ce combat) à toutes les personnes, femmes et hommes, à travers le monde, qui sont victimes de violences sexuelles", avait-elle déclaré à la presse.