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Les Grandes Gueules

"Je vais y passer mes congés": des manifestants répondent à Gabriel Attal sur les casserolades

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Le ministre de l'Action et des Comptes publics Gabriel Attal a estimé que les manifestants participant à des casserolades n'étaient "pas les Français qui travaillent et qui ont des difficultés". Des propos qui irritent ceux qui sont présents pour ces concerts de casseroles.

Les concerts de casseroles, à chaque déplacement du président de la République ou d'un ministre, commencent-ils à tendre le gouvernement? Alors qu'Emmanuel Macron a de nouveau été accueilli ce mardi par une "casserolade" à Vendôme, dans le Loir-et-Cher, à l'autre bout de la France, c'est Gabriel Attal, le ministre de l'Action et des Comptes publics, qui s'est agacé de la répétition de ces concerts, après avoir lui-même entendu le son des casseroles à Mauguio, près de Montpellier.

"Ceux qui ont le temps, en pleine semaine, en plein après-midi, d'accueillir des ministres pendant quatre heures, de 14 à 18 heures, a priori, ce n’est quand même pas les Français qui travaillent, qui ont des difficultés au quotidien pour boucler leur fin de mois", a-t-il lancé depuis l'Hérault, évoquant des "actions violentes" de "militants d'ultragauche" et de "permanents syndicaux".

"Empêcher un ministre de circuler, couper l'électricité dans un quartier avec parfois des dommages collatéraux comme un établissement de santé, je considère que ce sont des actions qui n'ont pas leur place dans le débat public, y compris dans un moment de tension sociale", a assuré Gabriel Attal dans une séquence relayée par un journaliste de Midi Libre.

"J'ai fait du tractage avant d'aller au travail"

Mais les participants aux casserolades, si certains sont bien des syndicalistes, ressemblent plus à des Français écrasés par l'inflation et frustrés par le 49.3 utilisé pour faire passer la réformes des retraites. "Les casserolades, c'est le dernier moyen pacifique de se faire entendre", assure aux "Grandes Gueules" Jérôme, manifestant, qui explique avoir créé une appli pour imiter le son des casseroles en cas de confiscation par les forces de l'ordre. "Les Français actifs sont contre la réforme à 92%. Mais dans quel pays on est? Les leçons de démocraties par ces gens-là (le gouvernement, ndlr), c'est révoltant", ajoute-t-il.

Isabelle, accompagnatrice d'élèves en situation de handicap (AESH), promet qu'elle passera ses vacances à faire des casserolades: "Je n'ai pas les moyens de partir en vacances alors je vais passer mes congés à faire des casserolades. Et dans les casserolades, il n'y a que des gens qui travaillent. Il y a des gens en 3x8 qui se relaient. J'ai fait du tractage avant d'aller au travail", explique-t-elle sur RMC et RMC Story.

"Emmanuel Macron a assuré regretter d'avoir qualifié certains Français de 'ceux qui ne sont rien' et aujourd'hui Gabriel Attal est exactement dans la même ligne", s'étonne de son côté l'avocate Marie-Anne Soubré. "Il y aurait d'un côté les Français qui sont utiles et de l'autre ceux qui ne seraient pas des travailleurs, les inutiles" analyse-t-elle.

"C'est inadmissible d'avoir cette façon de penser. La phrase de Gabriel Attal est extrêmement méprisante. Encore une fois, on oppose des Français à d'autres (...) À force de semer le mépris, Macron récolte les casseroles et toutes les tensions que les Français veulent exprimer", ajoute l'avocate.

Une finale de Coupe de France sous haute tension?

Les autorités peinent à endiguer le phénomène et à retrouver une dynamique positive. Le week-end dernier, c'est le député Renaissance Jean-Marc Zulesi qui a dû quitter la Fête de la fraise à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), alors que des opposants à la réforme des retraites l'avaient accueilli à grands renforts de casseroles et de sifflets. Dans le Loir-et-Cher, mardi, l’équipe présidentielle avait prévu son propre groupe électrogène pour visiter un centre de soins afin de ne pas faire face à de nouvelles coupures de courant, comme à Ganges (Hérault) la semaine passée.

Le prochain rendez-vous s'annonce tendu. Le président de la République doit assister à la finale de la Coupe de France entre Nantes et Toulouse, ce samedi au Stade de France. Et les syndicats sont déjà sur le pied de guerre.

Guillaume Dussourt