"Ça n’aboutit jamais": la PDG de Nexity réclame au gouvernement "une politique globale" du logement

Des crédits de plus en plus difficiles à obtenir, des permis de construire en baisse, une tension sur le foncier… La crise du logement s’accentue et le gouvernement tarde à réagir selon Véronique Bédague, PDG de Nexity, le premier groupe immobilier de France. "Il faut que le gouvernement définisse une politique globale pour permettre à tous ceux qui le souhaitent d’être propriétaires de leur logement, explique-t-elle dans ‘Apolline Matin’ ce mercredi sur RMC et RMC Story. Il y a plusieurs choses qui bloquent. Emmanuel Macron avait promis un choc de l’offre, parce qu’il n’y avait pas assez de permis (de construire). Ce choc de l’offre n’a jamais eu lieu. Il n’y a pas assez de permis. Les gens ont envie de vivre au sein des métropoles, proches de leur travail. Et on a de moins de permis dans ces métropoles. Il y a eu cette crise aussi des taux d’intérêt. Les Français ont perdu entre 20 et 25% de pouvoir d’achat immobilier, en une seule année. C’est énorme."
"Il faut toucher un peu à tout pour que le système redémarre, ajoute Véronique Bédague. Tout le monde doit s’y mettre, les banques, les maires… Et il y a une responsabilité que l’Etat ne veut pas prendre, alors que c’est pourtant sa responsabilité historique. C’est de définir une politique du logement cohérente, avec des mesures cohérentes." La patronne de Nexity "demeure surprise" de l’absence de réponse de l’exécutif. "Il y a un échange constant avec les ministres, mais ça n’aboutit jamais, indique-t-elle. Je n’entends pas la nécessité, ce qui est quand même un énorme problème, et la volonté d’une politique globale du logement. Quand je lis l’interview de Gabriel Attal dans Le Monde, qui dit au fond qu’il va faire des économies d’abord sur le travail et le logement, j’avoue que j’ai un vrai moment d’incompréhension."
"Densifier un peu plus des zones déjà urbanisées"
Parmi tous les sujets qui impactent le logement et nourrissent cette crise, il y a les prix des terrains. Mais pas question pour Véronique Bédague de s’opposer aux ZAN (zéro artificialisation nette), la politique de non-artificialisation des sols pour préserver la biodiversité. En revanche, selon la PDG de Nexity, l’Etat doit acter qu’il faut encore densifier les zones déjà urbanisées. "Je soutiens les ZAN, je pense qu’il faut arrêter d’artificialiser, souligne-t-elle. Cela signifie, et c’est là où le gouvernement doit ré-intervenir, que l’on accepte de densifier un peu plus des zones déjà urbanisées, où il y a par ailleurs pas mal de friches à travailler. Ce n’est pas contradictoire, mais il faut le gérer. Les sujets écologiques ne doivent pas venir discriminants pour les Français les plus modestes."
Véronique Bédague souhaite aussi que l’investissement locatif soit revu pour que les propriétaires soient moins tentés de mettre leurs biens sur les plateformes de tourisme. "Il faut réexaminer totalement la rentabilité des investissements locatifs, assure la patronne de Nexity. Il faut réhabiliter l’investissement des institutionnels, comme la Caisse des dépôts et les grands assureurs, et des particuliers. Aujourd’hui, le système favorise ceux qui investissent dans des logements de location de tourisme, livrés à Airbnb. Il faut réhabiliter l’acte d’investir sur le logement, parce que ça crée de la location et on en a besoin. Le marché de la location est complètement bloqué." Il faudra encore patienter avant de découvrir les choix du gouvernement face à la crise du logement. Prévue le 9 mai, la présentation des conclusions du CNR sur le logement a été reportée sine die.