Guerre au Proche-Orient: à quoi va servir le sommet international sur le Liban organisé par Macron?

Alors que des frappes israéliennes mercredi soir sur la banlieue sud de Beyrouth ont détruit six immeubles dans le quartier de Laylaki, une conférence de soutien au Liban se tient aujourd'hui à Paris. Le président de la République Emmanuel Macron a convié 70 pays pour tenter de dessiner un cessez-le-feu et obtenir une levée de fonds suffisante pour aider les civils.
L'aide humanitaire que devrait permettre la levée de fonds devrait correspondre au moins à celle demandée par les Nations unies, soit 400 millions d'euros. Mais plusieurs questions se posent. Comment garantir que l'aide humanitaire internationale ne profite qu'aux civils et qu'elle ne soit pas détournée par les belligérants ? Sur ce point le gouvernement se veut rassurant: "Nous passerons par toute une série d'organisations" promet l'exécutif qui cite des agences onusiennes mandatées pour s'assurer de la traçabilité de ces opérations.
"Le problème, c'est plutôt la faisabilité et l'allocation des fonds levés", prévient David Rigoulet-Roze spécialiste du Moyen-Orient. L'aide humanitaire trouvera-t-elle son chemin vers les hôpitaux. Son chemin vers les réfugiés ? "La situation militaire sur le terrain", ne le permettra peut-être pas regrette le spécialiste.
"Plus d'un million de déplacés et des zones qui continuent d'être bombardées, ça pose un problème logistique. C'est le problème de la conférence en question, organisée par anticipation, avant l'achèvement des hostilités", poursuit David Rigoulet-Roze.
La France rappelle d'ailleurs son "engagement politique" pour un cessez-le-feu qui reste l'objectif numéro 1 de cette conférence, sans pour autant préciser quels moyens diplomatiques seraient mis en oeuvre.
La perspective d'un cessez-le-feu très lointaine
Mais la perspective de l'obtention d'un cessez-le-feu lors de cette conférence reste lointaine alors que ni Israël, ni son allié les Etats-Unis, ni l'Iran ne seront présents. Car sur le volet diplomatique et militaire, les discussions s'annoncent compliquées sans leur présence.
Emmanuel Macron compte sur la présence des pays du Golfe pour aider le Liban sur le plan sécuritaire. Le président de la République espère convaincre le prince saoudien sur Mohammed ben Salmane de revenir dans le jeu. L'idée est extrêmement simple: tout faire pour aider l'armée régulière libanaise en pensant qu'elle seule pourra garantir la sécurité du Liban quand le cessez-le-feu viendra.
L'Elysée voudrait qu'elle se déploie aux côtés des Casques Bleus dans le sud du pays en lieu et place du Hezbollah comme le prévoyait la résolution de l'ONU adoptée en 2006. Mais nous en sommes encore loin.
Cette conférence, si ses objectifs semblent compliqués à atteindre, à le mérite d'exister: c'est la seule initiative diplomatique formelle depuis le début de l'offensive israélienne sur le sud du Liban.
Pour le moment, Joe Biden laisse faire le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Car les coups portés par Tsahal au Hezbollah et son allié iranien arrangent tout le monde: Paris, Washington et les pays du Golfe à commencer par l'Arabie Saoudite.
Comment la conférence pourrait servir le Liban à long terme
Mais au milieu, il y a urgence pour le Liban: Sébastien Lecornu le ministre des Armées faisait état lundi d'une "guerre civile imminente à venir au Liban". Jean-Yves Le Drian l'envoyé spécial d'Emmanuel Macron au Liban disait "Le Liban est en danger de mort et de dislocation".
Car depuis plus de 2 ans, le Hezbollah avec le soutien de l'Iran, empêche l'élection d'un chef d'Etat au Liban. A cela s'ajoute une crise économique et financière sans précédent depuis l'explosion du port de Beyrouth, le Liban est en réel danger. Dans ce contexte, l'affaiblissement du Hezbollah et le renforcement de l'armée libanaise pourraient changer la donne.