Emmanuel Macron veut placer les jeunes dealers en internat: "Pas forcément une bonne idée" pour un ex-trafiquant

Emmanuel Macron veut porter "un coup d'arrêt au trafic de drogue". À l'occasion de sa visite à Marseille en marge de l'opération "place nette" contre les narcotrafiquants, le président de la République a également annoncé vouloir sortir les plus jeunes qui participent au trafic de drogue, "peut-être en les mettant dans des systèmes éducatifs adaptés, peut-être en les mettant en internat pendant six mois voire une année scolaire".
Pour l’heure, ce qui existe, ce sont les centres éducatifs fermés (CEF), ultime étape avant la case prison. Créés en 2002, il y en a aujourd’hui 54 en France accueillant chacun une dizaine de mineurs.
Problème, selon un rapport de la Cour des comptes dévoilé en octobre dernier, plus de 20 ans après leur création, l’efficacité de ces centres est loin d’être démontrée. À tel point qu’elle conseille de marquer une pause dans la mise en place de nouvelles structures de ce type.
En cause donc, selon la Cour des comptes, "la faiblesse des études relatives à leur efficacité, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée pour encadrer les mineurs et les problèmes rencontrés dans leur fonctionnement".
La Cour révèle même que les données relatives au coût de la journée dans un centre éducatif fermé, par pensionnaire, ne sont pas connues avec précision: entre 570 et 700 euros par pensionnaire et par jour selon le ministère de la Justice.
Un simple "test" pour les jeunes dealers?
Le placement des très jeunes dealers en internat pourrait-il réussir à faire ce que les CEF semblent avoir raté? "Ce n'est pas forcément une bonne idée", juge ce mercredi sur RMC et RMC Story Helun, ex-dealer. "La prison, comme l'internat, ça va juste être un test. L'important, c'est de garder ses nerfs et de ne balancer personne. Tant qu'ils n'ont pas craché les noms, ils grandissent dans la hiérarchie", poursuit-t-il. "Il faut légaliser", appuie Helun alors que selon lui, entre 14 et 17 ans, "les jeunes ne sont intéressés que par l'argent".
L'idée d'Emmanuel Macron a même surpris les policiers: "Je ne m'y attendais pas", reconnaît sur le plateau d'Estelle Midi Denis Jacob, le secrétaire général du syndicat Alternative Police CFDT. "Pourquoi pas mais on traite les conséquences et pas les causes avec un coup de communication", déplore le fonctionnaire.
"On s'attaque au bout de la chaîne alors qu'il faut des mesures d'accompagnement sociales et des politiques de la ville. Faire des internats façon CEF, ça ne servira à rien", conclut Denis Jacob.
Quant aux surveillants d'internats, ils ne sont pas particulièrement ouverts à l'accueil de jeunes dealers en internat. "Il faut une structure et des gens dont c'est le métier, on n'a aucun moyen de pression sur ces jeunes et ils risquent de contaminer le reste des internes", déplore Philippe, surveillant en internat.
Aucune précision n'a été apportée pour le moment, 24 heures après l'évocation du placement en internat de jeunes dealers par le président de la République.