RMC
Police-Justice

"On peut comprendre ce qu'elle a fait": une femme ayant délogé ses squatteurs risque la prison

placeholder video
Une propriétaire risque la prison et 100.000 d'amendes pour avoir délogé des squatteurs dans son appartement. Elle avait vidé le logement et vendu les affaires pendant qu'ils n'étaient pas là.

Maria, propriétaire d'une maison près de Carcassonne, avait pris une grave décision en juillet 2022: expulser elle-même ses locataires, qui ne payaient plus le loyer depuis des mois, et vendre leurs affaires. Si les squatteurs sont finalement partis, son geste lui a valu d'être poursuivi en justice pour "vol avec effraction". Elle risque aujourd'hui 7 ans d’emprisonnement et 100.3000 euros d’amende.

Une situation qui a créé le débat sur le plateau des Grandes Gueules ce lundi matin.

La boule au ventre

La situation de Maria rappelle de mauvais souvenirs à de nombreux auditeurs ce matin. "J'ai eu une locatrice qui n'a pas payé pendant 3 ans", réagit Dyson, en direct par téléphone.

"Elle me devait 35.000 euros, et j'en ai eu pour 25.000 de travaux... 60.000 euros de ma poche au total", s'est-il indigné, racontant qu'il avait dû vivre dans un logement social durant toute cette période.

"Moi, j'ai viré un squatteur après six mois de loyers impayés", raconte également Camille, chauffeuse VTC. "On a essayé de faire les choses bien (...) mais ça n'avançait pas du tout et moi mon crédit y passait... Alors on est rentré, on a tout vidé et on a mis un mot sur la porte pour qu'il puisse retrouver ses affaires", raconte-t-elle.

Aujourd'hui, la femme a "la boule au ventre" à l'idée de tomber sur un autre squatteur un jour, et est très vigilante dans le choix des locataires.

Un coup de sang

Mais cette situation justifie-t-elle de passer au-dessus des lois, et de se faire justice soi-même? Pour Barbara Lefebvre, professeur d'histoire géo, la propriétaire a bien fait: "elle a agi sous l'impulsion (...) il faut la comprendre, ça lui avait déjà beaucoup coûté alors qu'elle avait un crédit sur la maison".

"Si la justice fonctionnait, si les lois étaient effectives et rapides, les gens n'auraient pas besoin d'en arriver à ces extrémités", s'insurge-t-elle.

Charles Consigny, pourtant avocat, est d'accord avec elle. "Je suis consterné par l'inefficacité de la justice sur ce sujet", affirme-t-il. "Si j'étais propriétaire d'une maison squattée, j'essaierais dans un premier temps de passer par la voie judiciaire (...) et si ça ne marche pas bien sûr que j'irai sur zone avec des boules puantes et des copains baraqués..."

Procédé critiquable

Bruno Poncet, cheminot et syndicaliste, entend les motivations de Maria, mais ne peut s'empêcher de critiquer le procédé: "je peux comprendre ce que la propriétaire a fait, mais si elle était plus fine, elle aurait loué un garde-meuble et elle mettait toutes les affaires dedans afin de ne pas être accusé de vol".

Dix mètres carrés perdus en 25 ans : se loger est devenu un luxe ? - 07/08
Dix mètres carrés perdus en 25 ans : se loger est devenu un luxe ? - 07/08
18:26

C'est d'ailleurs de cette manière que Camille, l'auditrice, a procédé. "Elle regrette d'avoir vendu leurs affaires, elle a agi sur un coup de sang", répond Barbarra Lefevres. "On est en France, tu ne peux pas te faire justice toi-même", appuie le cheminot. "Mais je suis d'accord que cela interroge sur ces procédures très longues et hyper compliquées...", rajoute-t-il.

Laure-Anne Marxuach