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Débat houleux à l'Assemblée nationale sur la réforme des retraites: "C'est pathétique"

L'Assemblée nationale a commencé les débats sur la réforme des retraites ce lundi, dans une ambiance houleuse. Le ministre du Travail Olivier Dussopt a été chahuté, tandis que la députée de La France insoumise Rachel Keke a interpellé ses collègues sur la pénibilité de certaines professions.

Les débats sur la réforme des retraites ont débuté ce lundi à l'Assemblée nationale, dans une ambiance houleuse. Le ministre du Travail Olivier Dussopt a été chahuté par les députés de la Nupes pendant tout son discours. Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, a volé à son secours, taclant au passage la Nupes et ses nombreux amendements. "Des 20.000 amendements déposés, on retient deux choses, votre volonté de taxer tout le temps, taxer tout le monde, taxer toujours, voilà votre seul projet", a-t-il lancé sous les applaudissements de son camp.

Après le refus de l'examen une troisième motion référendaire, Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI, a dénoncé un déni de démocratie: "Il n'y a aucune raison pour que vous rejetiez cette troisième motion référendaire, si ce n'est de rajouter encore un déni démocratique au coup de force que vous êtes en train de faire aux millions de Français qui manifestent dans ce pays".

Face à cette nouvelle charge, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a tenté de rappeler les députés Nupes à l'ordre: "Je ne sais pas où est le déni de démocratie quand la présidente de l'Assemblée nationale ne peut pas s'exprimer dans l'hémicycle (...) On n'est pas dans un amphi (d'université, ndlr), pas dans une manifestation, mais à l'Assemblée nationale", a-t-elle tonné.

Déni de démocratie? Enfantillages? La Nupes assume. "Oui", ont lancé à l'unisson les députés du groupe quand Yaël Braun-Pivet a demandé à l'Assemblée si les élus allaient "passer quinze jours comme ça dans l'hémicycle". Face au chahut, la séance a dû être interrompue à plusieurs reprises.

"Un jour, ils vont se mettre sur la gueule"

"C'est pathétique! Les élus de la Nupes, et en particulier LFI, n'ont aucune conscience de leur rôle de député", déplore ce mardi sur le plateau des "Grandes Gueules" Bruno Pomart, l'ancien patron du Raid. "Un jour, ils vont se mettre sur la gueule. Comment peut-on montrer l'exemple au peuple et à la société quand on voit nos députés qui s'insultent au lieu de débattre... En tant qu'élu, je trouve ça lamentable", estime sur RMC et RMC Story celui qui est aussi maire d'une petite commune dans l'Aude.

A contrario, le docteur Jérôme Marty juge salutaire cette ambiance d'invectives: "C'est la théâtralisation habituelle lors de tels mouvements. Lors de la 4e République, on se foutait vraiment sur la gueule à l'Assemblée nationale. Cela devrait être un lieu de débat constructif mais ça doit aussi refléter ce qu'il se passe sur le terrain. Il y a des cris, il y a du remue-ménage mais il n'y a pas de rupture démocratique", estime le praticien.

"Ce serait inquiétant si l'on interdisait tout ça, qu'on ne puisse ni hausser la voix, ni balancer des insultes. On élit des représentants et on ne va pas protocoliser leurs interventions, je trouve tout ça normal", ajoute Jérôme Marty.

"Qui d'entre vous a déjà fait un métier pénible?"

Au milieu du chahut ambiant, une intervention est venue marquer les esprits, celle de Rachel Keke, la députée de la France insoumise, qui a rappellé à l'hémicycle le poids de la pénibilité sur certaines carrières: "Qui d'entre vous a déjà fait un métier pénible? Qui peut lever la main? Personne, parce que la majorité d'entre vous ne l'a pas fait. Vous n'avez pas le droit de mettre à genoux les gens qui tiennent la France debout. C'est pourquoi nous voterons contre la réforme des retraites", a lancé l'ancienne femme de ménage, connue pour son combat contre la direction de l'hôtel Ibis Batignolles où elle a travaillé.

Une intervention salutaire pour le docteur Jérôme Marty. "Il y a énormément de députés qui n'ont fait que de la politique pendant 30-40-50 ans et qui cumulent aujourd'hui des retraites à 25.000 euros par mois en cumulant tous les postes politiques qu'ils ont occupé alors qu'ils n'ont jamais travaillé", défend le praticien.

"Ce que dénonce Rachel Keke, c'est qu'on a une partie de la classe politique en France qui n'a jamais connu le travail, qui n'a jamais eu de salaire dans une entreprise, qui n'a jamais dirigé une entreprise et qui n'a jamais créé d'emplois. Il faut oser la dénoncer et elle a raison", conclut Jérôme Marty.

Pendant que les députés s'écharpent, la mobilisation continue dans la rue. Pour la troisième journée de manifestation contre le projet de réforme des retraites, la mobilisation était en légère baisse à la mi-journée, avant une nouvelle journée de manifestation prévue samedi.

G.D.