Européennes 2024: à quoi va ressembler le futur Parlement après les élections?

Le scrutin pour les élections européennes commence ce jeudi. Les bureaux de vote ont ouvert aux Pays-Bas, 72 heures avant la France. L’enjeu, c’est de savoir qui va conduire la politique européenne pendant les cinq ans qui viennent, parce que les 720 députés que l’on va élire d’ici dimanche seront les législateurs de l'Europe. Ce sont eux qui voteront les principaux textes. Pour prendre un seul exemple, c’est le Parlement qui décidera si l’on revient ou pas sur le pacte vert, le texte qui prévoit entre autres la fin des voitures à essence en 2035.
Mais le Parlement a aussi un autre rôle, il élit le ou la présidente de la commission européenne, sur proposition du Conseil européen, c'est-à-dire des 27 chefs de gouvernement. Autrement dit, les députés n’ont pas seulement un rôle législatif, ils choisissent aussi le patron ou la patronne de l'exécutif. Et ils valident les nominations des 27 commissaires, c'est-à-dire les ministres de l'Europe.
Un par un, ils doivent venir devant les députés passer un grand oral. Cela se passe en début de législature et c’est le moment le plus démocratique de la vie politique européenne. Des députés fraîchement élus au suffrage universel valident ou pas les nominations des membres du gouvernement. Généralement, les débats sont très vifs. Le futur Parlement européen devra aussi nommer le haut-représentant pour la diplomatie, c'est-à-dire le ministre des Affaires étrangères de l'Europe.
L’extrême droite devrait gagner des sièges, mais est divisée au niveau européen
A quoi devrait ressembler ce futur Parlement? Il va pencher plus à droite, voire à l'extrême droite. Depuis cinq ans, le Parlement est tenu par une coalition à l’allemande. C'est-à-dire que la droite, le centre et la gauche gouvernaient ensemble. Si l’on en croit les sondages, cette coalition de trois partis pourrait garder la majorité. Mais on s'attend à un net recul de ces partis traditionnels, qui gouvernent l'Europe depuis toujours.
Et c’est l'extrême droite qui devrait gagner des sièges. Elle devrait arriver en tête en France, en Italie, aux Pays-Bas, et deuxième en Allemagne. Ce qui devrait se traduire par un gain d'une quarantaine de sièges au Parlement.
Mais l'extrême droite européenne est très divisée. Les élus français du Rassemblement national siègent dans un groupe avec les Espagnols, les Suédois, les Finlandais et, jusqu'à il y a peu, les Allemands de l’AFD. Les Italiens de Giorgia Meloni siègent dans un autre groupe avec les Polonais du PIS. Et les Hongrois de Viktor Orban sont parmi les non-inscrits. Ainsi divisée, jusqu'à présent, l'extrême droite ne pesait pas au Parlement.
Mais les choses pourraient changer, parce que les cartes vont être rebattues. Les Allemands de l’AFD viennent d'être exclus de leur groupe à cause des propos de leur tête de liste, qui trouvait que les SS n'étaient pas forcément des criminels… Difficile de dire comment demain l'extrême droite s’organisera au Parlement.
Et on peut même imaginer une coalition de la droite et d’une partie de l'extrême droite. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, candidate à sa réélection, n’a pas exclu une alliance avec le groupe de Giorgia Meloni.
Une alliance qui était tabou il y a quelques années, mais qui ne l’est plus. La droite et l'extrême droite gouvernent déjà ensemble en Italie, en Suède, en Finlande, aux Pays-Bas… Dimanche soir, on va donc regarder de près les résultats. Mais ensuite, il faudra aussi observer les négociations pour former la coalition qui dirigera l'Europe pendant cinq ans.