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Législatives: Ruffin, Borne, Hollande... les circonscriptions et personnalités à suivre au 2e tour

Le dépouillement du premier tour des élections législatives dans un bureau de vote à La Possession (La Réunion), le 30 juin 2024.

Le dépouillement du premier tour des élections législatives dans un bureau de vote à La Possession (La Réunion), le 30 juin 2024. - Richard BOUHET / AFP

Les candidats en lice pour le second tour des législatives sont désormais connus. Au total, 500 circonscriptions sont concernées par le second tour. Voici les personnalités à suivre ce dimanche 7 juillet.

Des ministres sortants en difficulté, François Ruffin au défi d'une remontée face au RN, le chef des députés LR soutenu par la gauche... Le second tour des législatives, dimanche 7 juillet, offre plusieurs configurations à suspense.

Des ministres en danger

Ils étaient 24 sur la ligne de départ, combien seront-ils à l'arrivée? Les ministres du gouvernement Attal risquent gros au second tour. Cinq d'entre eux ont déjà dû se désister pour faire barrage au Rassemblement national (RN): Fadila Khattabi, Marie Guévenoux, Sabrina Agresti-Roubache, Dominique Faure et Patricia Mirallès, malgré un flou entretenu jusqu'à mardi pour ces deux dernières.

À Paris (3e circonscription), Stanislas Guérini est distancé de dix points face à une candidate écologiste et risque fort d'être battu. Face au RN, Agnès Pannier-Runacher est aussi en danger (2e circonscription du Pas-de-Calais).

Plusieurs ministres sont bien partis pour sauver leur siège grâce aux désistements de la gauche. C'est le cas de Gérald Darmanin dans la 10e circonscription du Nord, même si le ministre de l'Intérieur ne compte qu'un peu moins de deux points d'avance sur son concurrent RN après le premier tour. Premier ministre en sursis, Gabriel Attal n'a rien à craindre, a priori, dans sa circonscription (10e) des Hauts-de-Seine où il affronte une candidate du Nouveau Front populaire.

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, qui a récolté 34,55% des voix dans la 1re circonscription du Loir-et-Cher, devra affronter la RN Marine Bardet qui est arrivée en première position avec 35,22%. Reda Belkadi, initialement soutenu par le NFP avant que l'investiture ne lui soit retirée après la découverte d'anciens tweets antisémites, ne s'est pas qualifié pour le second tour avec 15,35% des suffrages.

François Ruffin y croit

Il part de loin, mais continue de croire au "miracle". François Ruffin, électron libre de la gauche en lice dans la 1ere circonscription de la Somme, a sept points de retard à combler face à une candidate RN.

"Il n'y a pas de fatalité", lance l'ancien journaliste, qui sillonne sans relâche les alentours d'Abbeville depuis plusieurs jours.

Le leader du microparti Picardie Debout, qui a acté son divorce avec LFI et Jean-Luc Mélenchon, a reçu le soutien très clair d'Albane Branlant, la candidate macroniste qui s'est désistée en sa faveur immédiatement après le premier tour.

Olivier Marleix, sauvé par la gauche?

Avec un score de 10% au niveau national avec leurs alliés divers droite, Les Républicains ont bien résisté au ralliement au RN de leur président Éric Ciotti. Mais auront-ils le même chef de groupe dans la future Assemblée ?

Dans la 2e circonscription d'Eure-et-Loir, Olivier Marleix est en effet en difficulté après un premier tour en demi-teinte (25,93%). Olivier Dubois, candidat RN, est largement devant avec plus de 38% des voix.

Le chef des députés LR ne devance la gauche que de 153 voix. Malgré ce faible écart, la candidate socialiste Nadia Faveris s'est désistée au profit du candidat de la droite. Suffisant pour l'emporter?

François Hollande, à un pas de l'Assemblée

La première circonscription de Corrèze est sous les feux des projecteurs, avec la candidature de François Hollande, en ballottage favorable dans son fief de Tulle. L'ancien président de la République bataille dans une triangulaire face au RN et au sortant LR Francis Dubois, soutenu par le camp présidentiel.

Ce dernier a appelé les Corréziens à "battre François Hollande et l'extrême gauche" et a donc refusé de se retirer. Mais les scores du premier tour, avec 37,63% des voix pour l'ancien chef de l'Etat, 30,89% pour la candidate RN Maïtey Pougey et 28,64% pour Francis Dubois, semblent faire les affaires du socialiste.

Quel rôle celui-ci aurait-il au Palais Bourbon? Dans le cas d'une "Assemblée ingouvernable, je pense que le rôle de personnalités comme moi, compte tenu des fonctions que j'ai occupées, sera de trouver des solutions", a-t-il prévenu ces derniers jours.

Toujours du côté du NFP, Aurélien Rousseau, ancien ministre macroniste de la Santé, est arrivé en tête de la 7e circonscription des Yvelines avec 35,42% mais devra affronter la députée sortante du camp présidentiel Nadia Hai qui a récolté 28,73% des voix et la LR-RN Babette de Rozières, qui a obtenu 25,97%.

Les purgés LFI affrontent des candidats NFP

C'est un duel à gauche qui devra être départagé par les électeurs dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis puisque le député sortant Alexis Corbière, autrefois proche de Jean-Luc Mélenchon, a viré en tête du scrutin avec 40,19% malgré sa non-investiture par LFI. Soutenu par plusieurs cadres du NFP, il affronte la candidate officielle de la coalition de la gauche, à savoir Sabrina Al-Benali, arrivée en deuxième position avec 36,39% des voix.

Sa compagne Raquel Garrido s'est, elle, désistée dans la 5e circonscription alors qu'elle était députée sortante après être arrivée troisième avec 23,65% des voix tandis que le candidat investi par le NFP Aly Diouara a recueilli 33,1% des voix, devant la candidate Aude Lagarde (UDI)et ses 24,56% de votes.

Dans la 15e circonscription de Paris, de nouveau un duel à gauche entre Danielle Simonnet, députée sortante qui elle non plus n'a pas bénéficié de l'investiture de LFI, et Céline Verzeletti. Pourtant, l'écart de voix est important puisque la première a obtenu 41,84% des voix contre 22,87% des suffrages pour sa rivale.

Raphaël Arnault, militant antifa et fiché S dans le Vaucluse

Dans la 1re circonscription du Vaucluse, la députée RN sortante Catherine Jaouen et ses 34% de voix affrontent en duel le candidat du NFP Raphaël Arnault, qui a obtenu 24% des suffrages. Le candidat dissident de la gauche Philippe Pascal, qui a recueilli 18% des voix, s'est désisté en sa faveur. Pourtant, la candidature du porte-parole du mouvement antifasciste La Jeune Garde a fait beaucoup couler d'encre, du fait qu'il soit fiché S.

Elisabeth Borne et les reports de voix

Cette fois, ce n'est pas face à une motion de censure qu'Elisabeth Borne joue son avenir, mais bien contre le RN, arrivé 8 points devant elle dans le Calvados (6e circonscription). Noé Gauchard, le candidat insoumis du NFP, s'est désisté en sa faveur, mais les reports de voix seront-ils systématiques en faveur de l'ex-Première ministre, honnie pour avoir porté la réforme des retraites en 2023 ?

"J'assume que nous allons sauver Mme Borne", a affirmé le patron du PS Olivier Faure dimanche soir, tout en reconnaissant que "beaucoup" reprocheraient à la gauche cette décision.

À Paris, Gilles Le Gendre vote à gauche

Configuration très particulière dans la deuxième circonscription de Paris, où un macroniste historique annonce qu'il votera contre le candidat investi par Renaissance. Gilles Le Gendre, député sortant et ancien chef du groupe LREM à l'Assemblée, n'avait pas été réinvesti par le camp présidentiel, ce dernier lui préférant un proche de Rachida Dati, Jean Laussucq.

Troisième du premier tour, Gilles Le Gendre s'est désisté, mais il a indiqué qu'il voterait pour Marine Rosset, candidate socialiste arrivée en tête, et non pour Jean Laussucq, distancé de dix points.

"Le candidat de Rachida Dati doit assumer le discrédit de la figure politique dont il est la créature", assène celui qui a été soutenu par de nombreux macronistes de la première heure durant la campagne.

Cette circonscription située dans les Ve, VIe et VIIe arrondissements, bastion de la droite passé chez Renaissance en 2017, pourrait donc basculer dans l'escarcelle du Nouveau Front populaire.

Quels scores pour les "brebis galeuses" du RN ?

Du côté du Rassemblement national, plusieurs candidats ont défrayé la chronique dans l'entre deux-tours, soit par leurs déclarations hasardeuses sur les plateaux télés, soit lorsque des internautes ou journalistes ont sorti les archives du placard mettant en lumière des actes ou comportements considérés comme racistes ou xénophobes.

Si Ludivine Daoudi a retiré sa candidature dans la première circonscription du Calvados après la diffusion d'une photo d'elle sur les réseaux sociaux arborant une casquette nazie, d'autres sont toujours en lice.

Annie-Claire Bell, candidate dans la 3e circonscription de la Mayenne, a été condamnée pour une prise d'otage effectuée à l'aide d'un fusil, en 1995, à la mairie d'Ernée. Elle a récolté 31,11% des voix et affrontera le député sortant Horizons Yannick Favennec, élu depuis 2002 et qui avait été réélu dès le premier tour en 2022.

Toujours dans le même département, Paule Veyre de Soras est arrivée en deuxième position avec 28,59% des voix derrière le député sortant socialiste Guillaume Garrot, fort de ses 45,39%. Peu de chances pour elle d'être élue mais malgré tout, la candidate a fait parler d'elle en assurant qu'elle et son parti n'étaient pas racistes, arguant qu'elle avait un "ophtalmo juif" et un "dentiste musulman".

Enfin, Thierry Mosca, 65 ans, est qualifié pour le second tour dans la 2e circonscription du Jura avec 32,76 % des suffrages et affronte la députée sortante LR Marie-Christine Dalloz (38,59%).

Son éventuelle élection pourrait être attaquée en justice et invalidée après le scrutin car le candidat a été placé sous curatelle de l'Union départementale des associations familiales (Udaf) du Jura en novembre 2023, ce qui le rend théoriquement inéligible. Une procédure le visant pour "travail dissimulé" a par ailleurs été classée sans suite début juin en raison d'un "état mental déficient".

C.A avec L.M