Loi Duplomb et acétamipride: François Ruffin juge la dérégulation de l'UE "plus nocive que les pucerons"

Le débat continue. Alors que la pétition contre la Loi Duplomb continue son chemin et a passé ce mardi 22 juillet la barre record des 1.500.000 signatures, la classe politique ne cesse de s'emparer du sujet.
Invité ce mardi matin sur le plateau des Grandes Gueules, François Ruffin, député du nouveau parti "Debout!" de la Somme a été invité à s'exprimer sur le sujet. Pour l'élu de gauche, farouchement opposé au projet, le sujet relève de la santé publique.
"Je viens d'une région betteravière. [...] Quand on sait que l'acétamipride (une des substances actives des néonicotinoïdes que la loi Duplomb prévoit de réintroduire, NDLR), peut se retrouver dans le fœtus des futurs bébés et dans le cerveau des enfants, qu'il est considéré comme très dangereux par les scientifiques, qu'il va nuire au développement intellectuel, il y a un devoir de protéger la santé des français", a martelé François Ruffin ce mardi matin.
Une censure populaire à la rentrée
Comme le prévoit le fonctionnement de l'Assemblée nationale, une pétition contre une loi obtenant plus de 500.000 signatures peut permettre l'ouverture d'un débat en séance publique, sans qu'elle soit pour autant examinée à nouveau ou abrogée.
C'est justement la perspective d'un débat qui anime en premier François Ruffin, appelant de ses voeux à une nouvelle délibération. "On a eu une loi sans débat, maintenant il ne faudrait pas qu'on ait un débat sans vote. Il s'agit de retrouver du débat et du vote à l'Assemblée nationale. Le président de la République peut permettre une nouvelle délibération sur ce texte", explique-t-il.
Sur la popularité de la pétition qui ne cesse d'être signée, François Ruffin souhaite que cette forte mobilisation ("un million et demi de signatures" au 22/07) se transforme en "censure populaire à la rentrée et qu'il y aura des manifestations de 'ça suffit'".
De la betterave française pour éviter la Loi Duplomb
À l'image des élus de gauches et écologistes unis de front contre cette loi, François Ruffin ne manque pas de rappeler que la Somme est particulièrement visée par le sujet. Dans cette région betteravière dont les terrains agricoles représentent près de 75% de la superficie, les nécotinoïdes peuvent nuire à la culture du légume.
Selon les chiffres du département, la betterave sucrière cultivée dans la Somme représente 45 870 ha du département, avec 3.200 planteurs pour 3,7 millions de tonnes produites, soit 11% de la surface betteravière française.
Pourtant, de nombreux agriculteurs soutiennent cette loi, certains estimant même qu'elle ne va "pas assez loin". Questionné sur les agriculteurs de sa circonscription, l'ancien élu France Insoumise préfère jouer la carte du "Made in France" et "protéger les agriculteurs".
"Sur le sucre, sur la betterave, on vient de multiplier par cinq les importations en provenance d'Ukraine, c'est non. On est en train de signer un accord sur le Mercosur, c'est non. On peut réguler les échanges". Et d'ajouter, "la betterave subit la dérégulation de l'Union européenne "plus nocive pour les cultures que ne l'a été le puceron".