RMC
Politique

Marine Le Pen condamnée: "La décision est tyrannique", dénonce Jean-Philippe Tanguy

placeholder video
Après la condamnation lundi de Marine Le Pen dans l'affaire des assistants parlementaires européens, Jean-Philippe Tanguy a persisté ce jeudi, sur le plateau des "Grandes Gueules", à clamer l'innocence de la cheffe de file du parti.

Le tribunal de Paris a prononcé lundi 25 condamnations lors du procès des assistants parlementaires du Front National. Parmi eux, la cheffe du parti au moment des faits Marine Le Pen, mais aussi des cadres et des proches de cette dernière. Pour le député Rassemblement National de la Somme Jean-Philippe Tanguy, "la décision qu’ils ont rendu est une décision tyrannique", fustige-t-il ce jeudi sur RMC.

Selon lui, plusieurs raisons expliquent cette décision, qu'il ne peut pas comprendre. D'abord, il pointe du doigt une "criminalisation de la défense". "On reproche aux accusés de ne pas avoir reconnu leur culpabilité et de se défendre. Encore heureux. On a encore le droit de dire qu’on est innocent", s'exclame-t-il sur le plateau des Grandes Gueules.

"Innocents"

Une stratégie de défense qui ne serait pas la bonne? "J’ai encore reçu des dizaines d’appels là-dessus hier. On me demande si on va reconnaître qu’on a un peu fauté". Mais Jean-Philippe Tanguy l'affirme: "On est innocents."

Pour lui, ce n'est pas la seule raison qui explique cette condamnation. Il dénonce une "politisation du jugement". La candidature et l’élection de Marine Le Pen comme présidente en 2027 serait "un trouble à l’ordre public démocratique": "Ça n'existe pas. Comme l’enrichissement partisan qui n’existe pas. Il n’y a pas d’enrichissement personnel de Marine Le Pen et des prévenus."

L'invité de Charles Matin : Meeting/Le Pen, mobilisation générale du RN - 03/04
L'invité de Charles Matin : Meeting/Le Pen, mobilisation générale du RN - 03/04
8:26

Finalement, ce qui aurait joué dans la balance selon le député RN, c'est l'opinion du parti d'extrême droite sur l'Union Européenne. "Le fait que le RN s’oppose à la construction européenne avec 'un certain cynisme' devrait aggraver la condamnation. Je ne vois pas en quoi notre opinion sur l’UE a quoi que ce soit à voir avec les faits qui nous sont reprochés", souffle-t-il.

La dernière fois que les Français ont été consultés sur la construction européenne, "ils étaient d’accord avec le RN à 55%". Pour lui, "le fait qu’on ait exprimé notre mécontentement et alerté nos compatriotes sur la situation a compté dans la décision qui a été annoncée".

"Quand on juge au nom du peuple français contre l’avis du peuple français exprimé par un vote, c’est un peu bizarre”, interroge Jean-Philippe Tanguy

Un appel en 2026

La cour d'appel de Paris a indiqué mardi soir qu'elle avait été saisie de trois appels à ce stade et qu'elle examinerait le dossier "dans des délais qui devraient permettre de rendre une décision à l'été 2026". Mais le député RN n'y croit pas vraiment et prend pour exemple une affaire similaire. "Le procès de François Bayrou sur les mêmes faits, jugé avant, n’est toujours pas audiencé en appel donc c’est la continuité du même dossier et François Bayrou n’a jamais caché vouloir se présenter à la présidentielle donc c’est un peu étrange".

François Bayrou est en attente d’une date pour le procès en appel des assistants parlementaires du Modem au Parlement européen. Même si le Premier ministre avait été relaxé dans cette affaire, de nombreux élus du MoDem ainsi que le parti ont été, en revanche, condamnés en première instance.

"On ne peut pas rentrer dans un régime d’égalité à une élection si un candidat putatif comme François Bayrou arrive avec un jugement de première instance sur lequel il y a un appel et dont on ne sait pas ce qu’il en est. Et une autre candidate, Madame Le Pen, condamnée en première instance mais pas définitivement puisqu’il y a appel prévu avant l'élection. Il y aurait une situation inégale".

Jean-Philippe Tanguy face aux GG - 03/04
Jean-Philippe Tanguy face aux GG - 03/04
28:43

Une manifestation prévue

Malgré tout, Jean-Philippe Tanguy se dit "heureux et soulagé de l’état de notre démocratie". Il prend l'exemple de "nombreux adversaires politiques ou idéologiques", par exemple l’ancien président de la LICRA, opposant historique au RN, qui dans Le Point a dit que cette décision n’était pas normale et y dénonce "un coup porté à l’État de droit". Il parle d'une "majorité de commentateurs, de juristes, d’avocats, de magistrats honoraires qui en fait ne sont pas d’accord avec le fond de cette décision".

En attendant l'appel en 2026, le Rassemblement national organise une manifestation de soutien à Marine Le Pen "et nos amis injustement condamnés" dimanche place Vauban. L'occasion pour le député de la Somme de "revendiquer notre innocence".

Car le vrai problème selon lui, c'est bien l'interprétation de la loi par les juges qui a été "très extensive". Il conclut et persiste: "On estime qu’on est victime depuis le début d’une erreur judiciaire, d’une cabale".

Solenn Guillanton