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42 départements sont repassés aux 90km/h: bon sens ou démagogie?

Le sujet ne trouve toujours pas de consensus. En 2018, la vitesse maximale sur les routes à double sens sans séparateur central est passée de 90 à 80 km/h. L’année suivante, la possibilité d'y revenir a été confiée aux départements. Plus de 40 l'ont fait. Dernier en date, le Puy-de-Dôme, ce 1er août.

Quatre ans après, la mesure fait toujours vivement débat. Depuis ce lundi 1er août, 42 départements français ont décidé de revenir aux 90km/h sur certaines ou l'ensemble des routes à double sens, sans séparateur central.

Le Puy-de-Dôme, en Auvergne-Rhône-Alpes est le dernier en date. Il a été décidé de ré-augmenter la vitesse maximale à 90 km/h sur les grands axes non-accidentogènes du département mais, en même temps, de la limiter à 70km/h sur des zones plus à risques, à compter du 1er août 2022.

En 2018, la vitesse maximale sur les routes à double sens sans séparateur central est passée de 90 à 80 km/h, à l'échelle nationale. Des manifestations, notamment de motards, ont eu lieu un peu partout en France, dénonçant, entre autres, un manque de concertation et un impact limité. Des contestations qui ont contribué au développemement du mouvement des "gilets jaunes".

"Un peu de souplesse"

Un an plus tard, la possibilité a été donnée aux conseils départementaux de revenir sur la mesure, à la condition de réaliser une étude d’accidentalité avant.

"C’est une mesure de bon sens qui remet un peu de souplesse dans un dispositif qui était devenu trop rigide", souligne Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué en charge des Transports de 2019 à 2022, face aux Grandes Gueules, ce 2 août 2022.

Il ajoute: "Je trouve ça bien quand les élus locaux prennent leurs responsabilités. C’était eux, notamment les présidents des conseils départementaux, qui nous avaient dit que toutes les décisions étaient prises à Paris par une élite parisienne. Là, pour le coup, on a des élus à qui on a donné la possibilité de revenir à 90km/h."

Quid de la sécurité routière ?

"La vitesse est la première cause des accidents mortels en France", d'après les chiffres de la sécurité routière.

Pour prendre cette décision en 2018, le gouvernement s'était basé sur des études de la sécurité routière. "C’est difficile quand on vous dit qu’on peut sauver 300 ou 400 vies par an, de ne pas le faire", note Jean-Baptiste Djebbari.

Le 20 juillet 2020, un bilan établi par le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) a été publié. "Sur les 20 mois consécutifs à la mise en œuvre de la mesure, le nombre de vies épargnées s'élève à 349, par rapport à la moyenne des cinq années précédentes 2013-2017." De son côté, la Ligue de défense des conducteurs, dénonçait "un calcul biaisé mais une propagande bien huilée".

Des impacts environnementaux légèrement positifs

En plus de la sécurité, la question environnementale avait été avancée par le gouverment. D'après cette même évaluation, établie par le Cerema, 20 mois après, "les analyses ont montré que la mesure entraînait une légère diminution des principaux polluants atmosphériques et des nuisances sonores, bien que cette dernière ne soit pas perceptible par l’oreille humaine". Si ces résultats sont modestes, ils sont quand même positifs.

De son côté, Jean-Baptiste Djebbari estime, sur le plateau des Grandes Gueules, "qu'à l’échelle du pays, bien d’autres choses sont faites. C’est davantage en changeant les motorisations des véhicules qu'il y aura un impact."

L'Ardèche devrait être le prochain département à repasser, sur une partie de ses routes, à 90km/h, en septembre 2022.

A.B.