"Il faut bloquer autre chose": au marché de Rungis, des professionnels "solidaires" des agriculteurs

Les blocages des agriculteurs se poursuivent ce mardi un peu partout en France. L'objectif ultime reste Paris et son marché de gros de Rungis, qui alimente l'Île-de-France. La circulation aux alentours de la capitale et de nombreuses grandes villes est rendue difficile par les barrages mis en place par les manifestants en marge de la colère du monde agricole.
Après une semaine de blocages, la situation se complique pour les professionnels de la livraison ou les restaurateurs. "Nos chauffeurs partent du Nord et ne peuvent pas circuler. Ils sont obligés de faire des détours tout le temps, tout est bloqué", explique dans Apolline Matin, sur RMC et RMC Story, Christophe, chauffeur livreur dans le Val-d'Oise.
"J’ai un chauffeur, les larmes aux yeux, qui m’a dit qu’il ne viendrait pas. Les chauffeurs routiers ont été délogés par les CRS, ça c’est mal terminé. Il y a des restaurateurs et des magasins qui ne sont pas livrés", ajoute-t-il.
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"Aux barrages, ça se passe bien avec les agriculteurs"
Pour l’instant, la majorité des produits continuent à arriver à Rungis, assure Maria Da Silva, vice-présidente de la Fédération des marchés de France. "Il manque certains produits chez les poissonniers mais on est seulement mardi, c’est beaucoup plus calme. On attend la tempête et on se prépare, en espérant que cela ne dure pas trop longtemps", explique-t-elle.
Chauffeur routier en Île-de-France, parti de chez lui à 4h du matin ce mardi, Damien confirme que les bouchons ont lieu de plus en plus tôt sur les routes d’Île-de-France. "Aux barrages, ça se passe bien avec les agriculteurs", assure-t-il, ajoutant soutenir le mouvement.
C'est le cas aussi de Maria Da Silva et de Christophe qui malgré les difficultés rencontrées, assurent être toujours du côté des agriculteurs. "Il y a des stocks dans les frigos pour certains articles", rassure la vice-présidente de la Fédération des marchés de France.
"On a besoin d’eux, ils ont besoin de nous"
"Je suis solidaire, il n’est pas normal de ne pas pouvoir vivre de son travail. Agriculteurs et producteurs ont une grande place sur nos marchés. On a besoin d’eux, ils ont besoin de nous, on travaille main dans la main", ajoute Maria Da Silva, qui invite tout de même les manifestants à privilégier d'autres cibles si possible.
"Je pense qu’il faut bloquer autre chose que Rungis, comme les ministères et les centrales d’achat. Ce n’est pas nous, les commerçants des marchés et les restaurateurs, qui sommes responsables de cette situation", conclut la vice-présidente de la Fédération des marchés de France.
Le gouvernement doit faire de nouvelles annonces pour le monde agricole ce mardi, en espérant calmer la colère des agriculteurs, pas tous convaincus par la première batterie de mesures dévoilées vendredi par le Premier ministre Gabriel Attal.