Manifestation du 8-mars: “les droits des femmes, c’est un combat de société”

Quand les femmes n’ont aucun droit, ce n'est pas seulement la faute des gouvernants, c’est celui d’une société dans son ensemble. Puisque la loi, c’est d’abord le reflet de notre culture, donc de nous-mêmes. Et il faut l’admettre, la société française a été misogyne pendant très longtemps.
Mais quand est-ce qu’on commence à s’intéresser aux droits des femmes? Ça devient un sujet politique sous la Révolution française. Une femme, une aristocrate, Olympe de Gouges, rédige la première Déclaration des droits de la femme en 1791. C’était évidemment une réponse à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. En gros, elle réclamait l’égalité homme-femme. C’était une pétition de principe qui ne donnera pas grand-chose.
Mais sous la Révolution, on commence effectivement à donner des droits politiques aux femmes, avec, par exemple le droit de se réunir. Mais ça ne va pas durer, on leur retire très vite ce qu’on leur avait donnés. En revanche, du côté de la famille, il y a des vrais progrès, et surtout un progrès: la création du divorce en 1792.
Évolution des droits des femmes à travers le temps
Si elles peuvent “s’émanciper” en théorie, ça n’ira pas beaucoup plus loin. Sous Napoléon, l’épouse doit l’obéissance à son mari. Elle est donc en situation d’infériorité juridique. Et après Napoléon, c’est encore pire puisqu’en 1816, on fait un pas en arrière: on abolit le divorce. De façon générale, au XIXe, les femmes n’obtiendront pas grand-chose. Quelques lois de protection pour leurs conditions de travail. On avance un peu du côté de l’éducation. On crée des lycées pour filles et à partir de 1881, l’école devient gratuite et obligatoire pour les garçons et pour les filles. Mais en termes d’égalité politique, c’est toujours misérable.
Les femmes mariées ne pourront disposer de leur salaire qu’à partir de 1907. La fin de l’obéissance au mari dans la loi, c’est seulement en 1938. Et il faut attendre 1944 pour qu’elles aient le droit de vote. Le général de Gaulle va franchir un gros cap en légalisant la contraception en 1967. Georges Pompidou fait introduire le principe de l’égalité salariale entre hommes et femme dans la loi. Et sous Giscard d’Estaing, on légalise l’avortement. Une loi historique portée par Simone Weil. Depuis, MeToo s’est attaquée aux agressions sexuelles dans le monde professionnel. On essaye de rendre tous ses principes effectifs. Mais c’est un combat de tous les instants.
Mais ce n'est jamais gagné. Aux États-Unis, en Hongrie et même en Italie, le droit à l’avortement est questionné. Le piège, c’est qu’on n'attaque jamais les femmes en disant frontalement qu’elles sont inférieures. On invente des prétextes: la famille, la natalité, la religion. On essaye d’entraîner la société dans une logique misogyne. Donc, les droits des femmes, ce n'est pas seulement un combat législatif, c’est un combat de société.