Les jeux vidéos s'invitent dans la campagne présidentielle
C'est la grande mode du moment: sortir son jeu vidéo de campagne. Tous les candidats s’y mettent.
Macron dans Minecraft
Emmanuel Macron par exemple, a décidé de faire campagne dans Minecraft, jeu très populaire auprès des jeunes avec 140 millions de joueurs dans le monde. En simplifiant c’est une sorte de jeu de lego virtuel dans lequel on peut construire n’importe quoi (bâtiments, œuvres d’art, des vaisseaux spatiaux) avec des briques virtuelles et visiter les créations –parfois impressionnantes- des autres joueurs.
Ici en l’occurrence, l’équipe du candidat a créé le monde de Macron: un siège de campagne en pixels dans lequel on croise des affiches aux couleurs du candidat et où l’on peut acheter des produits dérivés de campagne, mais aussi une mairie virtuelle, dans laquelle on peut vérifier qu’on est bien inscrit sur les listes électorales ou faire une procuration (un lien redirige vers le site du ministère de l’intérieur). Enfin, une salle de meeting virtuelle a été créé pour permettre de suivre en virtuel le rassemblement que le président organise le 2 avril (dans le monde réel).
Niveau réalisation, c’est assez réussi, mais on ne va pas se mentir, ce n’est pas le jeu le plus excitant de l’année, il n’y a pas grand-chose à faire, à part discuter avec des PNJ, des personnages du jeu en costard cravate avec lesquels on peut interagir et qui chantent les louanges des dernières mesures gouvernementales, le blocage des prix du gaz par exemple ou encore, si on se balade dans un hôpital, des avatars nous vantent les mérites du Grenelle de la santé. Une fois l’effet de curiosité passé, on passe vite à autre chose. En réalité, Fortnite peut dormir tranquille.
>>> Retrouvez tous les podcasts d'Anthony Morel sur le site et l'appli RMC
Un deuxième jeu signé Mélenchon
De son côté, Jean-Luc Mélenchon est coutumier du fait. En 2017 son équipe avait lancé Fiscal Kombat, un beat them all, un jeu où on incarnait un Jean-Luc qui secouait tout ce qui bouge pour en extraire des billets. On y croise Jérôme Cahuzac, Christine Lagarde, Pierre Gattaz ou encore Emmanuel Macron. Le but: les joueurs, collectivement, récupèrent le montant de la dette publique française.
En 2022, le candidat de l’Union populaire récidive avec un nouveau jeu, « L’avenir en commun c’est toi », un puzzle game, jeu de réflexion un peu plus subtil où l’on doit agir "face à l’urgence écologique et aux défis de notre temps".
Un jeu non-officiel pour Zemmour
Eric Zemmour a aussi son jeu, non-officiel, conçu par un militant de "Reconquête !", et relayé par certains pontes du parti. Dans "le Z" on incarne un Eric Zemmour pixélisé, qui se défend contre les ennemis de la France, armé d’un drapeau tricolore, d’un avion air force Z et d’un bouclier siglé d’un Z censé le protéger contre les méchants, notamment le boss final, Jupiter, autrement dit Emmanuel Macron. L’objectif de toutes ces initiatives: attirer le vote des jeunes.
Le jeu vidéo, arme de communication politique comme une autre
Les candidats se disent -avec peut-être un peu de naïveté- qu’on peut récupérer quelques voix chez les jeunes en leur chatouillant la manette. Se dire qu’un joueur va se dire "super le jeu vidéo, je vote pour toi", c’est peut-être prendre les gamers pour plus bêtes qu’ils ne sont...
Mais la stratégie n’est pas nouvelle. Ils s’inspirent surtout de ce qui se fait aux Etats-Unis, où ça fait longtemps que les "political games" font partie de la stratégie de campagne.
Aux USA, des pubs Obama dans les jeux vidéos
Déjà, en 2008, Barack Obama avait acheté des emplacements publicitaires. A l’intérieur de jeux vidéos : dans un jeu de basket par exemple, on pouvait voir sur le bord du terrain des affiches de campagne pour le candidat Obama. En 2016 les équipes d’Hillary Clinton avaient misé sur Pokemon Go, le jeu où il faut capturer des monstres virtuels dans la rue, en s’installant à des endroits très populaires pour les joueurs, pour essayer de faire du recrutement.
Plus récemment on a vu notamment Joe Biden –ou plutôt son équipe- faire campagne dans le jeu Animal Crossing, jeu dans lequel on crée une île paradisiaque, on pêche des poissons, on cultive des navets. On pouvait visiter le QG de campagne virtuel de Joe Biden, le croiser, ajouter des bannières ou des tshirts à l’effigie de Biden et Harris pour ses personnages. Une manière là encore de cibler les jeunes votants.