Hausse de la taxe sur l'électricité: "C'est aberrant alors que le gouvernement veut tout électrifier"

Le Premier ministre Michel Barnier a présenté ce jeudi le budget 2025. Au menu, de nombreuses économies et hausses de taxe, avec l'énergie qui ne fait pas exception. Le gouvernement espère ainsi gagner 3 milliards d'euros avec la hausse de la TICFE, une taxe sur l'électricité qui avait été abaissée pendant l'inflation. Elle sera drastiquement relevée, à un niveau supérieur à celui d'avant-crise pour atteindre autour de 50€ le MWH contre 22€ actuellement et 33€ avant la crise énergétique. Mais le gouvernement assure qu'avec la baisse du prix de l'électricité sur les marchés, le tarif réglementé devrait tout de même diminuer de 9% l'année prochaine.
Les usagers devraient donc se retrouver avec une baisse de prix limitée. Alors forcément, dans les rues de Marseille, c'est la déception. "C'est décevant et ça ne me surprend pas du tout", assure un habitant. "C'est très pratique pour le gouvernement de toujours faire payer le contribuable", déplore une autre.
"C'est inégalitaire", peste Kevin, 33 ans qui juge que cela va toucher plus durement les foyers moins bien isolés: "J'ai été dans cette situation et soit tu ne te chauffes pas, soit tu chauffes et tu paies 100 euros pour 35 m²".
"Un mauvais signal"
"C'est complètement contradictoire", s'offusque Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting, dans Apolline Matin ce vendredi sur RMC et RMC Story. "On veut électrifier l'économie et on augmente en même temps le prix de l'électricité avec une taxe. C'est aberrant, on ne taxe pas les produits dont on veut inciter à la consommation. On ne comprend plus ce qui se passe".
Et il prévient, la douloureuse pourrait l'être encore plus au mois d'août, alors que le tarif de l'électricité est recalculé deux fois par an. "On a prévu de recalculer au mois de février, où il y aura bien une légère baisse, mais aussi en août, pour la part du réseau. Et cette part doit augmenter parce qu'il y a de nombreux investissements à faire notamment pour raccorder les éoliennes offshore", explique Nicolas Goldberg, qui appelle le gouvernement "à clarifier la situation".
"En augmentant la taxe, on envoie un mauvais signal. La politique énergétique, c'est avec des signaux. Et quand on dit qu'il faut électrifier et qu'on augmente la taxe, c'est un mauvais signal, quand bien même prendre un véhicule électrique, par exemple, est toujours bon sur le long terme", poursuit-il.
Les tarifs de marché plus intéressants que les tarifs réglementés?
Cette taxe d'un montant autour des 50€ le mégawattheure ne ravit pas non plus les professionnels. "C'est un impôt déguisé", estime Asma, la co-gérante d'un pressing. Depuis 2022, sa facture a augmenté de 300€ par mois: "Il faut travailler cinq jours par mois pour payer la facture. Cet été, on a peu allumé la climatisation pour faire des économies. Sinon, on ne s'en sort pas et tout ce qu'on gagne, c'est pour payer des factures. Certains mois, on ne se paie pas".
Comme beaucoup de ses collègues, Asma désespère de retrouver un jour les prix d'avant la crise. En seulement deux ans, elle a vu certains de ses collègues baisser le rideau à cause du prix de leurs factures.
Boulanger dans le Var, Mickaël a fait ses calculs et estime ne pas trop être impacté: "Mais je pense aux confrères qui ont négocié des prix bloqués et ça va faire fermer beaucoup de boulangeries comme l'année dernière. C'est malheureux pour la profession", se désole-t-il.
Nicolas Goldberg conseille aux professionnels de faire jouer la concurrence: "Les boulangers, par exemple, ont droit au tarif réglementé mais il est moins intéressant que le tarif de marché. Faites jouer la concurrence si vous voulez payer moins cher", conseille-t-il appelant à se mobiliser contre "cette surtaxe".