Violences conjugales: "Je me disais que je le méritais, j'étais sous emprise", témoigne Yasmine
Malek, une petite fille âgée de 8 ans, a disparu à Dunkerque (Nord), ce mercredi. Le dispositif Alerte Enlèvement a été déclenché ce mercredi soir pour la retrouver. Le père de l'enfant, connu des services de police, est soupçonné de l'enlèvement de la petite fille après avoir tué sa compagne.
Le couple était connu des services de police pour des violences conjugales. La victime avait d'ailleurs déjà porté plainte deux fois, en juin et en octobre 2021. Les voisins évoquent des disputes récurrentes, des témoignages qui relancent le débat du suivi des victimes de violences conjugales, deux semaines après le meurtre d'une femme et de ses deux enfants à Dreux.
"Il faut des dispositifs d'accompagnement, il faut aider ces femmes-là avant d'arriver à des drames pareils", déplore ce jeudi sur le plateau des "Grandes Gueules", l'avocate Marie-Anne Soubré. "Souvent les victimes n'ont pas les ressources financières et morales pour quitter le foyer", ajoute-t-elle.
Les violences conjugales, Yasmine, entrepreneuse à Paris, les a vécues il y a dix ans, pendant trois ans, lors d'une précédente relation: "C'était une emprise psychologique. Tout le monde disait que ça allait mal se terminer mais quand vous êtes sous emprise, émotionnelle comme c'était mon cas, vous ne vous rendez pas compte", témoigne-t-elle sur RMC et RMC Story. "Je me suis entendue dire 'Je lui ai mal parlé, je le mérite', c'est ça d'être sous emprise", ajoute Yasmine.
"Un jour, je me suis retrouvée à terre dans mon salon avec mon compagnon à califourchon sur moi me disant: 'tu fais de la boxe et tu n'es même pas capable de te défendre'. Je me suis remise en question, et je me suis réveillée, j'ai pris mes affaires et je suis partie. La chance que j'ai eue, c'est que je n'avais pas d'enfant avec cette personne", raconte-t-elle.
"J'ai été mise à la porte de mon appartement avec mon enfant en étant enceinte"
Cathy, qui vit dans les Yvelines, a elle aussi été victime de violences conjugales alors qu'elle était mère d'un enfant d'un an et enceinte du second: "J'étais frappée lorsque j'étais enceinte, je ne me suis pas laissée faire, je l'ai mis dehors. Mais comme j'étais en congé parental, je n'avais pas les moyens. J'avais une assistante sociale mais ça ne servait à rien, j'ai été mise à la porte de mon appartement avec mon enfant en étant enceinte", raconte-t-elle.
"Il a dit que j'avais enlevé les enfants, c'est lui qui a récupéré la garde", ajoute Cathy qui évoque des violences physiques mais surtout des violences psychologiques comme Yasmine.
Elle raconte également avoir eu des difficultés à porter plainte, essuyant des refus et des moqueries de la part de policiers. Aujourd'hui, Cathy raconte avoir pu s'en sortir mais regrette le manque d'aide et l'immobilisme des autorités malgré l'aide d'une assistante sociale.
"Éloigner le conjoint violent ne suffit pas"
L'avocate Marie-Anne Soubré plaide pour adopter le modèle espagnol: "Souvent, éloigner le conjoint violent ne suffit pas, puisqu'il connaît toujours l'adresse de la victime. Il faut des appartements réservés pour ces femmes, cela n'existe pas en France", contrairement à ce qu'il se fait outre-Pyrénées déplore-t-elle.
Le dispositif Alerte enlèvement, déclenché mercredi, a été prolongé ce jeudi matin. Le père de la fillette, soupçonné de son enlèvement, mesure 1m84, a les cheveux noirs et est de corpulence normale. Il a plusieurs tatouages sur la nuque et sur le poignet. Il est de nationalité tunisienne en possession d’un titre de séjour sur le territoire français.
Cet homme est susceptible de circuler à bord d’une Renault Twingo, verte, immatriculée DM 485 GJ. Si vous localisez l’enfant ou le suspect, n’intervenez pas vous-même, appelez immédiatement le 197 ou envoyez un courriel à alerte.enlevement@interieur.gouv.fr.