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Présidentielle: ce que pense la presse étrangère de cette campagne pas comme les autres

La campagne pour le premier tour de l'élection présidentielle se termine ce vendredi soir. Elle a été suivie par la presse étrangère, qui commente surtout les sondages et qui prédit un score élevé pour l'extrême droite.

Vu de l'étranger, c’est le score cumulé des candidats d'extrême droite à l'élection présidentielle qui retient particulièrement l’attention. 33% en additionnant les scores promis à Marine Le Pen et à Eric Zemmour. Pour le grand quotidien anglais The Guardian, cette campagne restera comme la plus marquée à droite de l’histoire moderne en France. Et la famille politique de l'extrême droite est désormais de loin la plus forte.

La question que se pose la presse étrangère: Marine Le Pen peut-elle gagner? Une question ridicule pour le New York Times. Ou plutôt une question qui apparaissait ridicule il y a un mois, mais qui ne l’est plus. L'élection de Marine le Pen à la présidence française n’est plus impossible. Et le grand quotidien américain explique à ses lecteurs qu’au deuxième tour, la candidate pourrait rassembler les électeurs d’Eric Zemmour et également une large section de la gauche qui est viscéralement hostile à Emmanuel Macron. Et en plus, des électeurs de droite pour qui la question de l’immigration est centrale.

"Le Pen à l’Elysée, l’hypothèse devient crédible", estime La Libre Belgique, "et il serait imprudent de l’exclure d’un revers de la main". Le Financial Times de Londres prend aussi l'affaire au sérieux. “La France pourrait devenir la prochaine démocratie occidentale à tomber sous l’emprise d’un dirigeant populiste”.

Le Soir de Bruxelles se pose la question: et si Macron perdait l'élection ? Pour lui, estime le journal belge, ça devait être du “tout cuit”, mais le vent a tourné.

Pour ces journaux, Marine le Pen doit beaucoup à Eric Zemmour

C’est la présence du polémiste d'extrême-droite Eric Zemmour qui selon eux a permis à la fille de Jean-Marie Le Pen de se dédiaboliser et de faire oublier sa proximité avec Poutine, ajoute The Guardian.

Pour Le Soir, la campagne d’Eric Zemmour, anxiogène, monothématique, caricaturale, a été une aubaine pour Marine Le Pen. C’est ce qui a permis de la rendre présidentiable. El Pais, le quotidien espagnol, rappelle que Marine Le Pen a d’abord été déstabilisée par l’arrivée d’Eric Zemmour, "cet animateur de talk-show avec son érudition de pilier de bar", écrivent-ils. Puis Marine le Pen est revenue en apparaissant soudain comme une candidate modérée comparée à Zemmour.

Même analyse du New York Times: Zemmour, le candidat de la xénophobie pure et simple à aider Marine le Pen dans sa quête de la banalisation. Bref, à en croire tous ces journaux, Marine le Pen peut dire merci à son rival.

Et certains pensent déjà à l’avenir de la droite. Le Temps, journal suisse, prédit qu'après l'élection, quel que soit le résultat, on assistera à la rupture du cordon sanitaire qui sépare la droite de l'extrême droite. Ce qui serait une victoire d’Eric Zemmour.

Que dit-on de la campagne d’Emmanuel Macron? Les médias étrangers disent également qu’il n’a pas fait campagne. Que sa campagne fut terne. Le New York Times estime que la guerre en Ukraine et les tentatives de médiation d’Emmanuel Macron ont fortement contribué à son décrochage dans les sondages parce que la thématique est trop éloignée des préoccupations quotidiennes des Français.

The Guardian s’en étonne parce qu’il titre: “En France, la vie est belle” -c'est dire le chaos qui règne dans un Royaume-Uni post-Brexit et post-Covid-. Le journal anglais se dit impressionné par les résultats économiques d'Emmanuel Macron et que la France se situe aujourd’hui au sommet du peloton des pays riches. Mais que les Français lui reprochent la flambée du diesel qui frappe les ruraux pauvres et s’indigne de l’affaire McKinsey. C’est ce qui explique son érosion dans les sondages.

Voilà quelques extraits de ce que l’on dit ailleurs, sur nous. Même s’il faut noter qu’en raison de la guerre en Ukraine, la campagne présidentielle française est assez peu couverte. Elle ne nous a pas vraiment passionnés nous-mêmes, donc forcément, elle n’a pas passionné non plus nos voisins. En tout cas jusqu’à présent.

Nicolas Poincaré (édité par J.A.)