TVA, droit du sol, cumul des mandats: ce qu'il faut retenir de l'interview de François Bayrou sur RMC

Invité exceptionnel des Grandes Gueules ce vendredi sur RMC et RMC Story, le Premier ministre et maire de Pau François Bayrou est notamment revenu sur la polémique du cumul des mandats qui a entaché ses débuts à Matignon. Le chef du gouvernement a également évoqué le revirement de l'exécutif sur la TVA des autoentrepreneurs, et propose un débat sur ce qu'est d'être Français.
- Cumul des "mandats" assumé
Dès son arrivée à Matignon, le Premier ministre François Bayrou a assuré qu'il ne quitterait pas son poste de maire de Pau. Preuve en image, il avait choisi de se rendre dans sa ville pour présider un Conseil municipal alors que plusieurs ministres avaient pris la direction de Mayotte dévasté par le cyclone Chido. Une manière de garder un lien avec la base:
"La France a beaucoup souffert de la rupture avec la base. Les 'gilets jaunes', c'était des Français qui avaient la certitude d'être invisibles. Mon idée depuis longtemps: on a tort d'organiser cette coupure et dire que ce sont deux mondes qui ne communiquent pas. La polémique était qu'un soir j'étais rentré chez moi ! Comme si c'était anormal d'être dans la vie normale, enraciné", assure-t-il aux GG.
"Les Palois m'engueulent moins que vous le croyez, j'ai juste fait le choix de ne pas les abandonner", poursuit François Bayrou.
- Recul sur la TVA des autoentrepreneurs
C'est l'autre revirement du gouvernement Bayrou. Confirmant une information de RMC, le ministre de l'Economie Eric Lombard a annoncé la suspension de a suspension d'une mesure du budget 2025 abaissant le niveau de TVA auxquels aurait été assujettis les autoentrepreneurs.
Le Premier ministre a justifié cette suspension par une mesure déjà au programme du gouvernement Barnier et que l'exécutif n'a pas étudié: "J’ai été nommé fin du mois de décembre, le budget était déjà examiné et en partie voté. On a choisi de partir sur ce budget-là et l’analyse n’avait pas été suffisante, il y avait des mesures qu’on n’avait pas vues dans le budget", reconnaît-il.
"On a décidé tout de suite de suspendre l’application. Ma méthode c’est que chaque fois qu’on se trompe il faut le dire", poursuit François Bayrou.
Et il l'assure, des négociations avec les fédérations d'autoentrepreneurs vont avoir lieu: "On va négocier, discuter avec les intéressés eux-mêmes pour voir de quoi il s’agit. Je ne suis pas un spécialiste du dossier, je l’ai découvert en même temps que vous", reconnaît-il.
Le budget 2025 du nouveau gouvernement prévoyait une modification du seuil d'exemption à la TVA pour les autoentrepreneurs, de 37.500 de chiffre d'affaires annuel pour les prestations de services et 85.000 euros pour les activités de commerce, à 25.000 euros pour tous.
- Bayrou veut un débat "public plus large" sur le droit du sol
Alors que Gérald Darmanin le ministre de la Justice a évoqué un débat à l'échelle nationale sur le droit du sol, François Bayrou a estimé qu'il fallait une réflexion plus large: "ce débat public est trop étroit, il faut un débat public plus large que ça. Vous voyez bien ce qui fermente depuis des années. Ce qui fermente c’est: qu’est-ce c’est qu’être Français? Qu’est-ce que ça donne comme droit? Qu’est-ce que ça impose comme devoir? Qu’est-ce que ça procure comme avantage et en quoi ça vous engage d’être membre d’une communauté nationale", interroge le Premier ministre.
Ce débat, François Bayrou estime qu'il pourrait avoir lieu dès maintenant et sans attendre l'élection présidentielle de 2027. "Je pense qu’on peut entrer dans un débat, il faut réfléchir à la façon dont ce débat se développe, est organisé", ajoute le maire de Pau.
Le chef du gouvernement rappelle avoir proposé "depuis déjà douze ans ou quinze ans" de se pencher sur la situation de Mayotte et de la Guyane, "dans laquelle il y a des milliers et des milliers de personnes qui arrivent avec l'idée que, s'ils mettent au monde des enfants là, ils seront Français". "Tout cela, évidemment, ça mérite d'être reconsidéré", prévient François Bayrou.
- La manière dont les budgets sont conçus ne me va pas"
Alors que les Français se disent peu satisfaits de leurs services publics, le Premier ministre assure que c'est un combat qu'il compte mener: "Dès que les budgets seront voté, je vais donner la mission à tous les ministres et leurs administrations de partir de la question: 'quelles sont les missions de l'Etat et de la puissance publique, quelle est leur légitimité, quels sont leurs objectifs et est-ce que les moyens sont bien placés?'".
François Bayrou évoque une "refondation en profondeur de l'action de l'Etat" à laquelle il réfléchit depuis longtemps: "On va s'y mettre tout de suite pas en attendant le budget de l'année prochaine dans lequel il n'y qu'une question: 'comment faire des économies'. La manière dont les budgets sont conçus ne me va pas"
- Débattre de tous les problèmes mais avec "des méthodes civilisées"
François Bayrou assure qu'il compte n'éluder aucun sujet: "Il ne faut rien repousser. Tous les problèmes qu'on identifie, on va les traiter. On va les approfondir et les débattre. Et il faut apprendre à débattre, échanger des convictions sans s'insulter, sans se condamner à la vindicte publique".
"S'il y a quelques défenseurs des méthodes civilisées, ce serait pas mal. Et d'ailleurs Pau c'est une ville dans laquelle on a ce genre de courtoisie", conclut le maire de la ville.