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"Où va aller l'argent?": les nouveaux radars urbains agacent les associations d'automobilistes

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De nouveaux radars urbains vont commencer à verbaliser le dépassement des limitations de vitesse en ville et le non-respect des feux rouges. Pour le plus grand bonheur des associations de lutte pour la sécurité routière, mais au grand dam des associations d'automobilistes qui dénoncent des "tirelires urbaines".

Après deux ans de tests sans dresser d'amende, les radars urbains de nouvelle génération entrent en action ce mardi. Ils vont distribuer leurs premiers PV pour les dépassements de vitesse et le non-respect des feux rouges.

Placés à environ 3 mètres de hauteur et fixés sur du mobilier urbain, ces petits boîtiers de 50 cm à peine doivent être signalés quelques dizaines de mètres plus tôt par un petit panneau carré. "C'est une version miniaturisée du radar tourelle qu'on connaît en dehors des villes", explique à RMC François Tarrain, rédacteur en chef du magazine Auto-Plus.

Petite nouveauté, le radar doit fonctionner sur le principe du leurre, avec des boîtiers qui ne flashent pas et dont la seule présence doit permettre de dissuader les comportements délictueux. "Certaines cabines sont des leurres, on ne peut pas le savoir. De même, on ne peut savoir si l'on a été verbalisé car le flash infrarouge est invisible", précise François Tarrain.

"Tirelires urbaines"

Pour la déléguée générale de l’association Prévention routière, Anne Lavaud, ces nouveaux radars sont nécessaires dans des zones "accidentogènes", en milieu urbain: "Dans le cas d'un choc piéton-voiture, les espérances de vie du piéton sont de 85% à 30 km/h et elles ne sont plus que de 15% à 60 km/h", rappelle-t-elle.

Mais du côté des automobilistes, ces nouveaux radars font déjà grincer des dents. L'association 40 millions d'automobilistes dénonce des "tirelires urbaines". Un point de vue partagé par Alexandra Legendre, la porte-parole de la Ligue de défense des conducteurs: "Ces radars existent déjà en ville mais ces nouveaux radars sont déployés par les élus locaux eux-mêmes qui n'ont plus besoin de demander l'autorisation du préfet", assure-t-elle dans Apolline Matin, sur RMC et RMC Story, ce mardi.

Elle déplore également l'opacité sur les recettes des radars: "On ne sait pas où va aller l'argent des PV. Est-ce que l'État va récupérer une partie de cet argent? On ne le sait pas. On ne connaît pas non plus la part qui doit retourner dans les caisses des collectivités".

Le parti-pris : Nouveaux radars urbains, le retour de l'ordre en ville ? - 16/01
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Des radars en amont de zones accidentogènes?

Intervenant pour la sécurité routière et auditeur RMC, Cyril explique que ces nouveaux radars doivent être placés "en amont de l'accident": "Si vous arrivez au bout d'une ligne droite et qu'il y a une succession de virages dans la foulée où il y a déjà eu de graves accidents, le radar sera placé en amont pour inciter les automobilistes à ralentir".

"J'aimerais bien que ce soit le cas systématiquement, mais ce n'est pas le cas", déplore Alexandra Legendre, qui se dit pour les radars aux feux rouges. "Si l'accidentologie augmente en ville, ce n'est pas la faute des automobilistes, ce sont les autres usagers de la route et c'est ce sujet-là qu'il faut traiter", assure-t-elle. "Le problème, c'est où ces radars vont-ils être positionnés? Et s'ils le seront bien là où il y a beaucoup d'accidents", ajoute Alexandra Legendre.

Deux nouveaux radars doivent être implantés à Marseille, un autre aux Pennes-Mirabeau, également dans les Bouches-du-Rhône, et cinq dans le Territoire de Belfort. D'autres doivent voir le jour dans le Doubs le 29 janvier, ainsi qu'à Toulouse et Montpellier mais leur date d'arrivée n'est pas encore connue. À terme, ces radars doivent permettre de verbaliser l'usage du téléphone au volant et le non-port de la ceinture de sécurité.

Jean-Wilfried Forquès avec Guillaume Dussourt