Productivité des Français: "en Allemagne, les inégalités hommes-femmes sont plus importantes"
Les Français rechignent-ils à se mettre au travail? Dans cette campagne présidentielle, les candidats semblent prendre des pincettes dès qu’il s’agit d'aborder ce thème. D'un autre côté, les réformes proposées par François Fillon ont tout de suite été perçues comme extrêmement rigoristes. Dans son programme, le candidat Les Républicains propose d’augmenter le temps de travail, afin de concurrencer les pays européens. Une idée que ne partage pas Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques, qui estime que la France n’a pas à s’aligner sur la précarité des emplois de ses voisins.
"Dans les autres pays européens, beaucoup de femmes ont des tout petits boulot avec de tout petits horaires, à temps partiel. C’est pour ça qu’il y a des inégalités formidables. Au Royaume-Uni et en Allemagne par exemple, les inégalités hommes-femmes sont beaucoup plus importantes qu’en France. Chez nous, la spécificité est que l'on a réduit le temps de travail des hommes et des femmes, et les écarts sont beaucoup plus faibles. En Allemagne, un homme qui a un emploi travaille une heure de plus qu’un Français. Une femme allemande travaille trois heures de moins qu’une femme française par exemple. Cet écart s’est accru avec la multiplication des petits boulots mal payés chez les Allemands".
Pour Guillaume Duval, l’écart entre la France et l’Allemagne est dû à une démographie différente. Reformer le travail en s’alignant sur le modèle Allemand conduirait inéluctablement l’emploi à se précariser.
"Les Allemands n’ont pas créé plus d’emplois que les Français depuis 2000. Simplement ils n’ont pas d’enfants donc leur population baisse. Sinon, il y a effectivement des pays où l’on travaille beaucoup plus longtemps que chez nous. Ces pays s’appellent la Turquie, la Roumanie, la Grèce, les pays les plus pauvres d’Europe. Si nous le souhaitons, nous pouvons aller dans ce sens-là, mais je ne suis pas sûr que ce soit la voie du progrès social, ni du progrès économique".