François Bayrou Premier ministre: le PS ne "participera pas au gouvernement" et exige des compromis

Le Parti socialiste "ne participera pas au gouvernement" de François Bayrou, a-t-il fait savoir dans un courrier adressé ce vendredi au nouveau Premier ministre, qui succède ainsi à Michel Barnier.
Le nouveau locataire de Matignon a brièvement réagi, peu de temps après l'annonce, affirmant que "tout le monde se dit qu’il y a un chemin à trouver qui réunisse les gens au lieu de les diviser. Je pense que la réconciliation est nécessaire".
Le PS avait pris ses distances avec LFI depuis la censure
Depuis la censure de Michel Barnier, le 4 décembre, Emmanuel Macron avait procédé à plusieurs consultations auprès des partis dont Les écologistes, le PCF et le PS, alors que LFI avait refusé de s'y rendre.
Les socialistes, contrairement à l'été dernier où l'ensemble du NFP avait défendu la nomination de Lucie Castets, avaient laissé entrevoir une possible coalition, avec des éléments du "socle commun", afin de bâtir des compromis à l'Assemblée nationale, en défendant toutefois la nomination d'un Premier ministre de gauche.
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Emmanuel Macron "prend la responsabilité d'aggraver la crise politique"
D'autant que mercredi, certains membre du PS, dont François Hollande, soutenaient désormais la nomination de Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste (qui a quitté le parti en 2022 lors de la Nupes). Pour rappel, il n'avait pas été soutenu cet été.
Las, la nomination de François Bayrou, président du MoDem et allié historique du président de la République depuis 2017, enterre cette hypothèse. "En choisissant à nouveau un Premier ministre issu de son propre camp, le Président de la République prend la responsabilité d’aggraver la crise politique et démocratique", regrette le Parti socialiste dans son courrier.
Le PS affirme donc se placer dans "l'opposition" et vouloir "se battre avec toute la gauche [...] dans la fidélité aux propositions défendues devant les électeurs avec le Nouveau Front Populaire". Ce qui devrait, dans une moindre mesure, rassurer LFI qui appelait le PS à "revenir à la raison et à la maison" et évoquait déjà une possible "trahison".
Pas de 49.3
Toutefois, le parti à la rose et insoumis ne parlent pas à l'unission, car si le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon a d'ores et déjà brandi la censure contre François Bayrou (le RN non), les socialistes posent par écrit leurs exigences. "Nos votes dépendront dès lors des engagements que vous prendrez pour construire les compromis utiles pour engager la réorientation de la politique gouvernementale."
Parmi leurs requêtes, évidemment, "les retraites", la "préservation des services publics et la transition écologique" mais aussi "en renonçant à l’usage de l’article 49.3 de notre Constitution". Et de prévenir: "La poursuite à l’identique d’une politique et d’une méthode déjà censurées ne peut être acceptable. Elle produirait le même résultat", c'est-à-dire le vote d'une motion de censure.
Du respect de ces résolutions dépend l’hypothèse d’une non-censure", revendique le PS
Mais celle-ci ne semble pas inéluctable pour le PS, qui plaide aussi pour des "concertations ouvertes à la société civile et en particulier aux partenaires sociaux et aux associations d’élus locaux". Mais aussi "la garantie que votre gouvernement ne se placera en aucune manière sous la dépendance du Rassemblement national, ni ne reprendra à son compte son programme xénophobe."
LFI et le RN d'office exclus des concertations?
Le Parti socialiste veut aussi que François Bayrou s'entretienne avec toutes les composantes du NFP, y compris donc LFI. Pourtant, juste avant ce courrier, l'entourage d'Emmanuel Macron a fait savoir, cité par l'AFP, que le nouveau Premier ministre "aura pour mission de dialoguer avec l'ensemble des partis politiques", hors Rassemblement national et La France insoumise, "afin de trouver les conditions de la stabilité et de l'action".