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L'Etat doit-il céder ses parts de FDJ, Orange, Stellantis? "Ne vendons pas la France à la découpe"

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Dans une tribune, des députés proposent que l’Etat cède 10% de ses parts dans des entreprises cotées, en citant notamment Stellantis, Orange ou la FDJ. Pour eux, c’est une autre façon de faire des économies, mais pour Arthur Chevallier, chroniqueur à RMC et RMC Story, cela revient à vendre la France à la découpe.

A ce rythme-là, on sera bientôt les locataires de notre propre pays. Même si cette proposition vient d’une bonne intention, ça pose un problème de principe. Vendre notre patrimoine, c’est le choix de la facilité. Nous faisons de l’argent, mais sur le dos de ceux qui ont travaillé avant nous, pour nous léguer quelque chose. Et en plus, on appauvrit nos enfants.

Finalement ça revient à vendre les bijoux de famille, à dilapider l’héritage. Et ça, ce n’est pas du tout une tradition française. C’est même quelque chose de très récent. Cette mauvaise habitude a commencé en 1986. François Mitterrand est président de la République, c’est sa première cohabitation avec la droite. Jacques Chirac, alors Premier ministre, va lancer des privatisations pour alléger la dette. Exactement comme aujourd’hui.

La privatisation du patrimoine français

Ça touche tous les secteurs. L’industrie avec Saint-Gobain, la banque avec la Société Générale, les transports avec Matra, ou encore l’énergie avec Suez. Ça ne s’arrêtera plus. Même quand elle revient au pouvoir, la gauche s’y mettra. Tout y passe, même des symboles de l’histoire de France. Par exemple, l’entreprise Renault avait été nationalisée après la guerre parce qu’elle avait collaboré avec les nazis. Mais en 1996, elle est de nouveau privatisée.

Et ça concerne aussi la vente de nos immeubles, de nos châteaux. Tout ce qu’on appelle notre patrimoine. L’Etat vend ses immeubles pour remplir les caisses. Il est possible de se dire que c’est une solution pragmatique, mais ça n’a rien d’une évidence. La notion de patrimoine est née en même temps que la République. Les biens de la noblesse et du clergé sont récupérés et deviennent ce qu’on appelle des "biens nationaux". La France n’hésitera d’ailleurs pas à en vendre une partie.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Parts de l'État, "ne vendons pas la France à la découpe" - 21/10
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L'Etat veut transmettre un héritage

Mais c’est le début d’un changement de mentalité: l’Etat a la responsabilité de la transmission d’un héritage aux générations futures. Et pendant le XIXème siècle, les Français attachent de plus en plus d’importance à leurs trésors. Une administration dédiée est créée en 1837 : la Commission nationale des bâtiments historiques. Puis en 1913, c’est la loi la plus importante, des biens peuvent être classés monuments historiques sans le consentement de leur propriétaire ! Donc l'État peut se mêler de ce qui ne lui appartient pas, et en même temps, il aurait le droit de vendre ce qui appartient aux citoyens. Il faut avouer que c’est un peu limite.

Depuis des siècles, les Français ont fait beaucoup de sacrifices, ils sont même morts sur des champs de bataille pour la patrie! Tout ça pour que ce pays continue d’exister. Dilapider l’héritage, c’est un aveu d’échec. Ca veut dire qu’on a été incapables d’entretenir ce qu’on nous a légués. D’ailleurs, on a commencé à tout vendre à partir de 1986. Est-ce que la France est plus puissante aujourd’hui ? Non. Il y a deux catégories de pays : les bâtisseurs et les consommateurs. La France appartient à la première catégorie.

SG avec Arthur Chevallier